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CCN du 8 décembre 2020 « Il n’y a pas de GPEC des corps de direction de la FPH ! »

Dernier CCN d’une terrible année !

C’est en effet une drôle de guerre que nous menons depuis le début de l’année.
L’ennemi, invisible pour les yeux, est partout. C’est sur nos épaules que repose la stratégie de lutte contre l’épidémie et chaque jour la charge s’alourdit un peu plus.

Les équipes font face sans reconnaissance, sans perspective d’embellie, portant à bout de bras le collectif épuisé, souvent déboussolé.

Nos sujets statutaires pourraient paraître décalés au cœur de ces réalités sanitaires.
Il n’en est rien.
Le mois dernier, nous regrettions de devoir avancer à marche forcée sur le sujet injuste du rétablissement du quota d’accès à la hors classe pour les directeurs d’hôpital, cette fois nous aimerions, pouvoir, faire ne serait-ce qu’un pas au profit par exemple des nombreux sujets de développement professionnel, qui restent coincés par exemple au stade de bonnes intentions dans le projet de COP du CNG.

Depuis le début de l’année le fastidieux travail de formalisation des lignes directrices de gestion se substitue aux débats de fond et aux questions essentielles, qui plus est dans un contexte d’appauvrissement des CAPN, sous l’effet de la loi portant transformation de la fonction publique :

  • Quel parcours dans des professions dont on rabote les échelons sommitaux, dont on ne promeut pas les meilleurs éléments mais d’autres, dont on freine le début de carrière et délabre la fin ?
  • Quel accompagnement pour faire face à l’épreuve aussi bien psychologique et stratégique de l’exercice du commandement en temps de crise prolongé ?
  • Quels outils au service de la santé des directeurs ?

Et pas non plus de réponse sur la question cruciale de l’attractivité des corps de direction.

Au contraire, l’on constate :

  • Un concours reformaté sous l’effet de la crise, avec le risque d’une moindre sélectivité et pour lesquels les candidats ne s’y sont trompés avec une claire baisse du nombre de participants ;
  • Des perspectives plus que succinctes pour les concours 2021 ;
  • Des emplois fonctionnels réduits dans le temps et des possibilités d’évolution qui s’amenuisent ;
  • Des grilles de rémunération insuffisantes pour les DS et D3S ;
  • Une absence de reprise du sujet de l’exercice territorial : un comble à l’heure où l’Etat souhaite accélérer les regroupements !
Dans ces conditions, qui voudrait encore exercer de telles professions ? Il faut seulement regarder le bilan statistique qui nous est donné à commenter :
  • Un nombre de postes vacants dans les 3 corps à un niveau très élevé ;
  • Des détachements qui ne cessent d’augmenter chez les DH comme les D3S pour lesquels l’augmentation de 245% en l’espace de 10 ans appelle à une réponse urgente et ciblée des pouvoirs publics au moment de la création de la 5ème branche ;
  • Pas des perspectives pour combler le défaut d’attractivité pour le corps des directeurs des soins, si ce n’est l’éventuelle hypothèse d’un tour extérieur encore à imaginer.

Et même lorsqu’il s’agit de valoriser le travail quotidien des directeurs, le seul outil dont nous disposons, à savoir la PFR apparaît clairement dépassé et inadapté,  conduisant à de réelles inégalités de traitement entre pairs.

Il faut le dire et l’assumer : il n’y a pas de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au profit des corps de direction de la FPH.

Cette atmosphère délétère décourage même les plus persévérants. Peu à peu, les établissements se vident de leurs forces vives, soignantes bien évidemment mais aussi administratives, logistiques et techniques.

Certes, beaucoup d’entre nous continuent, au nom de l’idéal qu’est le service public de santé. Mais jusqu’à quand ? Derrière les chiffres mentionnés, il y a des femmes et des hommes dont l’épuisement est manifeste. La relève sera difficile à assurer.
Il faudrait pouvoir prendre soin pas uniquement de ceux qui soignent, mais aussi de ceux qui les encadrent.

Dans quelques mois, le protocole de 2011 aura 10 ans…Le bilan sera bien faible pour ne pas dire inexistant tandis que les conditions d’exercice ne cessent de se durcir !

La stratégie des petits pas ou l’avancée à marche forcée, est-ce vraiment cela l’avenir de la politique statutaire des corps de direction ?

A force de tracer de tranchées, l’Etat finira par créer un fossé que même les meilleures intentions ne pourront plus combler.