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Instance collégiale des Directeurs d’hôpital du 16 novembre 2021: Les directeurs espèrent qu’on ne se trompe plus de remède pour l’Hôpital

16 novembre 2021
L’instance collégiale est devenue avec la loi TFP une des rares instances où les représentants des directeurs s’adressent à ceux du ministère, CNG compris.

Et c’est donc aujourd’hui le moment de passer quelques messages pourtant d’évidence alors que le moral des directeurs, qui comme tous les hospitaliers est plutôt très bas comme un ciel de novembre.
Ainsi donc, chacun prend conscience du désarroi, de la détresse (c’est le titre d’une émission radiophonique du service public ce soir), des difficultés de l’hôpital public en cet automne, éreinté par plus de 20 mois de crise sanitaire et déjà au démarrage de la cinquième vague, mais aussi en état de sidération et proche de l’aveu d’impuissance face, non pas à la vague mais au reflux des ressources humaines qui paralysent le fonctionnement des établissements.

Toutes les études ont montré l’écrasement de l’activité hospitalière par la prise en charge des malades du COVID, sans appui décisif du secteur privé. Et ceci n’est plus un problème économique mais un vrai problème de santé publique. Aujourd’hui si chacun se bat pour trouver le nombre exact de lits fermés alors qu’on devrait se contenter de ne pas accepter une seule fermeture de site majeur d’urgences, en attendant un monde d’après qui ne vient pas, les directeurs tiennent, avec un moral en berne, leurs hôpitaux à bout de force.

Ils font face chaque jour aux impasses qui obèrent le fonctionnement des établissements : plus de médecins, plus d’infirmiers, plus de blocs, plus d’urgences, plus de prise en charge médicale de base dans certains départements, des ruptures d’approvisionnement parce que des sujets de trésorerie demeurent et que la garantie de financement n’a fait que stabiliser.

A quelques jours de présenter des projets d’EPRD 2022, ils n’osent aborder les équipes soignantes exsangues pour préparer un socle d’activité tant les fonctionnements sont bousculés. Ils n’osent proposer un programme de préparation de la certification HAS, dont le calendrier a repris tambour battant, au risque de susciter une colère bien légitime sur l’attitude schizophrénique que cela confère lorsque des indicateurs qualitatifs de prise en charge peuvent être perturbés par ce que l’on appelle désormais pudiquement « les tensions hospitalières ».

Ils constatent aussi les efforts budgétaires que constituent les 2 volets du Ségur. Mais doivent encore batailler pour obtenir la solvabilité de long terme des soutiens aux carrières que constitue le volet rémunération mais aussi pour réinterroger la solvabilité cette fois des établissements pour le volet Ségur investissement. Les derniers débats entourant la démission récente d’un membre du CNIS prouvent s’il en était besoin que les débats du monde d’avant ont toujours cours et que la disparition du COPERMO peut n’être que de façade si les professionnels n’y prennent pas garde.
Les directeurs d’hôpital et leurs équipes sont donc plus que jamais à la manœuvre pour prendre de plein fouet la somme d’injonctions paradoxales qui est générée dans un temps de « toujours crise » et non pas post-crise, car celui-là ne vient pas.

Dans ce contexte, comment les directeurs peuvent-ils entendre en restant stoïques les déclarations de plusieurs responsables politiques ces derniers jours, ayant choisi comme message prioritaire pour sauver l’hôpital public, la diffusion de véritables fake news éculées sur le soi-disant surnombre de personnels administratifs en son sein ?

Le SMPS réaffirme son combat contre « le directeur ou l’administration bashing » et la volonté de monter les catégories les unes contre les autres pour s’abstenir de trouver de nouveaux leviers pour sortir l’hôpital de son désarroi. Sa résurgence dans le débat public est un aveu d’impuissance de ceux qui l’énoncent.

Au-delà des chiffres diffusés qui ne représentent pas la réalité de fonctionnement de nos établissements, à ceux qui n’ont jamais pris la peine de l’approfondir nous rappelons quelques évidences.

Tout d’abord alors que l’hôpital public manque de soignants, la meilleure idée serait donc de leur confier des tâches non rattachées aux soins.
Sinon il faudra dire quelles missions supprimer :

  • pas de paye sans personnel et pas de formation sans équipes de la DRH
  • pas de déploiement d’énergie pour lutter contre le marché tentaculaire de l’intérim médical sans bureau des affaires médicales
  • pas de gestion des rendez-vous sans secrétariats médicaux…même à l’ère de Doctolib !
  • pas de gestion des dossiers patients sans équipe des archives même à l’ère du DPI…si peu encore déployé, souvent par réticence des équipes
  • pas d’achats (même simplifiés) sans acheteur
  • pas de sécurité sans équipe dédiée
  • pas de droit des usagers sans service adapté

En bref, pas d’hôpital sans hospitaliers qui le font fonctionner.

Au final, il sera toujours temps de substituer à ce débat sans fondement, la question de la viabilité et du fonctionnement d’autres grands ensembles publics sur lequel un voile pudique peut être jeté, surtout en période pré-électorale.

Ce que propose le SMPS avec les directeurs d’hôpital c’est au contraire de se saisir collectivement des sujets qui étreignent violemment l’hôpital en cette fin d’année, et de ne pas se tromper de remède pour le grand malade qui ne veut ni compassion, ni homéopathie, ni colère feinte :

  • poursuivre la recherche d’outils de valorisation de l’exercice médical à l’hôpital notamment dans les métiers de la permanence des soins, ce sujet semblant entendu dans ses principes mais encore difficile à rendre opérationnel immédiatement
  • agir avec tous les acteurs de santé d’un territoire pour faire converger leur action pour maintenir une offre de soins publique lorsque la carence est constatée, au lieu de voir partir à la concurrence des praticiens ne pouvant plus attendre le retour des jours heureux
  • revoir ENFIN les financements à l’aube d’une période où le A de T2A risque de définitivement pâlir derrière les 5 lettres du mot CRISE
  • prendre parti au débat sur la liberté d’installation au moment où des déserts médicaux paralysent des bassins de vie de plus en plus importants.

Ces quelques pistes faiblement exhaustives doivent aussi plus que jamais se conjuguer avec un climat de confiance que les pouvoirs publics doivent susciter autour des directeurs d’hôpital, qui restent, quoi qu’en disent les commentateurs dépassés, les capitaines d’un vaisseau pris dans une tempête qui va durer !

Le SMPS porte la vision des directeurs et des cadres hospitaliers, fidèle aux valeurs d’un service public de santé tourné vers l’avenir