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Instance collégiale des directeurs d’hôpital du 13 juillet 2021 Temps maussade et faible probabilité d’éclaircie chez les DH et les établissements

Ce n’est pas seulement dans nos territoires ou devant nos fenêtres que le temps nous parait bien maussade en cette mi-juillet. Ce n’est pas non plus le fait d’un raté dans une grande compétition européenne qui nous tendait les bras.
Le moral des troupes hospitalières est bas, les interrogations nombreuses, les doutes des directeurs à changer la donne avant, pendant ou après une 4ème vague, sont omniprésents.
Premier doute : les bonnes leçons ont-elles été tirées de la période en cours de la crise sanitaire ?
Pas si sûr, en particulier si on croit l’agenda des pouvoirs publics pour le système hospitalier.
Nous l’avons dit au cabinet du ministre de la Santé hier, dans le cadre d’une si tardive et si courte « concertation » autour du sujet supposé du moment : la mise en œuvre d’un guide dit « Claris » de bonne gouvernance.
Ce sujet n’intéresse que quelques-uns, encore persuadés de vieilles lunes haineuses vis-à-vis d’un imaginé Leviathan hospitalier incarné dans leur esprit par les directeurs d’hôpital, qui se régalerait du désarroi des équipes quand elles réclament des moyens que les directeurs n’ont jamais eus ou qui vivrait le sommet ultime d’une carrière fantasmée, par ceux qui n’ont jamais voulu l’embrasser, quand il se débat avec des délais d’approvisionnement et des dédales de réglementation que l’hôpital se voit infliger par de multiples acteurs.
Alors, ne donnons pas plus d’importance à ces débordements verbaux, qui pourtant vont jusqu’à se déverser devant la représentation nationale en accusant les directeurs d’un corporatisme que leurs contempteurs illustrent eux-mêmes, par totale méconnaissance des enjeux de pilotage d’un hôpital moderne. Le SMPS le regrette profondément.
Nous parions donc sur l’écoute, certes tardive, mais présente sur les propositions que le SMPS a apportées avec les autres organisations syndicales.
Soulignons cependant une nouvelle fois combien la méthode nous a interrogé en nous reléguant en fin de parcours de concertation. Ce n’est pas ainsi que nous concevons le dialogue social. Pour petits, moyens et grands sujets, les représentants des directeurs sont force active de propositions et ont une légitimité réglementaire qui doit être respectée.
Sur le fond, le SMPS s’est prononcé totalement défavorablement sur l’insertion d’une disposition visant à sanctuariser un avis du PCME dans le recrutement des directeurs d’hôpital, au-delà du réglementaire. Alors même qu’il est tout à fait naturel de les rencontrer pour prendre le pouls de l’hôpital.
Un hôpital apaisé ne peut s’imaginer lorsqu’un des membres du binôme de la gouvernance médico-administrative aurait droit de vie et de mort professionnelle sur l’autre ? Imagine-t-on un directeur donner son avis sur les candidats à la CME ?
Il est là le corporatisme supposé et il serait contre productif pour tout un univers fragilisé par les rodomontades de quelques-uns donnant l’impression qu’un seul être incarne tous les maux de l’hôpital alors qu’il n’en est pas responsable.
Mais les hospitaliers attendent autre chose que ces débats autour de la gouvernance pour sécuriser le fonctionnement de l’hôpital. Les directeurs ont déjà rencontré un faible succès d’estime à la présentation de l’enchevêtrement législatif et réglementaire issu de la loi Rist et des ordonnances au printemps.
Ils demandent, avec les communautés hospitalières, que les vrais sujets soient traités.
Déjà plongés dans un été où l’épuisement est proche, avec une permanence des soins déjà bancale, avec un absentéisme qui flambe, en l’absence d’un véritable choc d’attractivité qui ne vient décidément pas malgré le déploiement du Ségur.
Les incertitudes sur le financement des établissements à l’horizon 2022, les difficultés à faire reprendre les activités chirurgicales avec un transfert de patientèle qui s’est accentué après la première vague par désertion du secteur privé de la prise en charge du COVID, les impacts très disparates des mesures de reprise de la dette, les failles béantes de trésorerie, sont toujours l’apanage des établissements même sous perfusion budgétaire et assombrissent profondément les perspectives.
Le monde d’après  n’a toujours pas les atours de la certitude.
A qui vient on et viendra-t-on demander des réponses sur ces incertitudes ? Sans doute pas à la « cellule projet » ni au « comité de suivi des avis simples de la CME et de la CSIRMT » prônée par ce futur guide. Mais bien au directeur, capitaine à la barre d’un frêle esquif qui mériterait pourtant d’être épaulé par une flotte affrétée par un État plus attentif.
Quant à la situation des directeurs d’hôpital eux-mêmes, la malheureuse ultra récurrence de nos instances collégiales, que nous réunissons pour un nombre si faible de postes, nous oblige à souligner la stagnation des chantiers statutaires qui devraient être ouverts voire réglés.
Absence de perspective sur le repyramidage des emplois fonctionnels, discrimination infondée à l’entrée à la hors classe, pas de chantier de revalorisation de la PFR…
Les difficultés vont s’amonceler pour les collègues pour définir un parcours professionnel en phase avec leur niveau d’engagement au service de nos concitoyens. La reconnaissance n’est pas là et ils auront sans doute un peu de mal à adhérer à la future campagne de promotion des métiers, qui elle aussi s’annonce déjà plutôt décalée avec la réalité de terrain.
L’attractivité est le maître mot de la vie hospitalière, parce que l’hôpital ne peut survivre et être efficace sans renouvellement et sans talents fidèles et engagés.
Les directeurs d’hôpital sont des serviteurs fidèles et engagés pour le service public et ses usagers.
A quel prix et pour combien de temps ? 

Le SMPS porte la vision des directeurs et des cadres hospitaliers,
fidèle aux valeurs d’un service public de santé tourné vers l’avenir