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CCN du 22 septembre 2020 : Une rentrée préoccupante pour les directeurs qui attendent mieux des pouvoirs publics que des réformes statutaires invalidantes pour leurs carrières !

Le SMPS a saisi l’opportunité de la réunion du Comité consultatif national pour rappeler combien la rentrée des hospitaliers était préoccupante avec une crise sanitaire durablement installée dans nos vies, dans nos exercices, dans nos métiers.

Les élus, engagés dans leurs établissements ont attiré l’attention sur la difficile équation de la « saison 2 » du COVID, d’autant plus difficile à résoudre que l’activité clinique dans tous les domaines a fort heureusement repris mais sans que par exemple, personne n’ait su pousser les murs et créer le bon nombre de chambres simples pour gérer les cas suspects sans stress supplémentaire pour les malades et les équipes.

Avec des marchés d’EPI toujours aussi perturbés, avec un système de testing à grande échelle victime de son succès en épuisant les équipes, les ressources, et même le marché des réactifs, et avec des hospitaliers et des EHPAD qui n’ont jamais cessé d’être prêts et préparés mais qui n’ont pas encore, loin s’en faut connu le choc d’attractivité que le Ségur était censé offrir.

Le SMPS a aussi souligné qu’une fois de plus le Ministère avait suscité de l’incompréhension avec un décret tardif sur les heures supplémentaires, tardif sur la première partie des revalorisations salariales entrainant doute et agacement dans les établissements. Sans compter l’annonce très mal vécue par les directeurs de soins d’un report de leur négociation sur la PFR à 2021 ! qui d’autre que les directeurs des soins méritaient cette pleine reconnaissance au sortir de la séquence COVID ?
Et que dire de l’absence de visibilité budgétaire dans un contexte non anticipé sur un modèle hypothétiquement substitutif à la T2A et la tarification ternaire.

Dans ce contexte, le SMPS voit donc comme une erreur manifeste d’appréciation du Ministère de la transformation et de la fonction publiques qui démontre à nouveau un sens très contestable des priorités et du calendrier. C’est en effet toute affaire cessante qu’il fallait imposer à la FPH de jeter aux orties, l’expérience éprouvée du dialogue social avec les corps de direction.
Au sortir d’une crise majeure comme celles que connaissent et vont devoir traverser encore quelque temps les directeurs d’hôpital comme les directeurs d’établissements sociaux, sanitaires et sociaux, qui repose sur leur engagement, leur capacité à décider au bon moment, leur abnégation à avoir passé 3 mois hors de chez eux pour tenir bon avec les équipes soignantes, leur solidité lorsque le front pénal s’ouvre et risque une fois de plus d’en faire des boucs émissaires lorsque les familles chercheront à faire un deuil impossible de leurs proches, il était urgentissisme, c’est une évidence de publier le décret emplois supérieurs, de faire exploser le modèle paritaire et de consigner les directeurs dans l’étroitesse des « lignes directrices de gestion ». Non ce n’est pas une évidence, c’est une erreur.

Le SMPS a dénoncé cette précipitation, vecteur de crispations, depuis des mois et qui aujourd’hui s’éloigne aussi des espoirs formulés par le Premier ministre lors de sa déclaration faisant suite à la signature des Accords de Ségur, vantant alors les vertus du dialogue social empreints de compromis.

Mais peu importe car une fois de plus nous nous serons A-LI-GNés sur la FPE. Pour les pouvoirs publics c’est cela l’objectif suprême et il ne faut pas s’en départir.

Certes, il y a quelques progrès dont l’intégration d’une réelle logique de GPEC. Reste maintenant à outiller suffisamment le CNG pour lui permettre d’y répondre pleinement, ce qui est loin d’être acquis.

Le CCN d’aujourd’hui laisse entrevoir en effet bien peu de possibilités quant à l’évolution de la politique statutaire. Nous craignons qu’il ne s’agisse là que de chapitres d’intention sans concrétisation pour les directeurs.
Or, il n’est pas question de conserver quelques privilèges, mais de maintenir nos acquis alors même que depuis la mise en place des GHT, aucune action de l’Etat n’a été entreprise pour accompagner ce mouvement, lequel a réduit le champ des mobilités et des parcours de carrières.

La bataille que nous avons livrée sur le décret relatif aux emplois supérieurs de la FPH devait permettre de ne pas amplifier la trace déjà acquise du « népotisme régional », qui fait pâlir le concept de corps à gestion nationale et qui inféode un peu plus les directeurs à leur évaluateur pour construire leurs parcours.. Nous sommes à un tournant. C’est pourquoi, il est indispensable se prémunir contre toutes dérives et autres incarnations du fait du prince

Ce décret, nous le redisons, est donc profondément inadapté, incohérent et temporellement décalé.

Décidément, le grand soir de la GPEC des directeurs n’aura pas lieu ! En tous cas pas avec cette méthode de soliste qui joue faux en lieu et place d’une partition jouée de concert entre l’Etat et des syndicats représentatifs qui ont toujours su être à la hauteur des enjeux.

Le SMPS a aussi fait remarquer que l’adoption des lignes directrices de gestion, guide de fonctionnement de ce qui reste du fait paritaire était un trop maigre espace pour y voir les contours d’un véritable accompagnement des carrières et des responsabilités.

L’ambition du SMPS est claire, redonner à chacune et chacun la chance de pouvoir exercer les fonctions auxquelles il aspire, sans autre distinction que celle de sa compétence et de son expérience. Aux lignes directrices doivent également répondre des lignes rouges, qui sont autant de garanties pour des collègues que le semblant de reconnaissance du Ségur n’aura pas apaisés.

Formons donc collectivement le vœu que ce qui nous distingue ne soit jamais la ligne. Certes, les frontières resteront, mais l’objectif lui sera intact.