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Instance collégiale DH du 16 novembre 2022: Déclaration liminaire du SMPS

A quelques jours d’élections professionnelles cruciales pour l’avenir du corps des DH, le SMPS rappelle ses attentes vis-à-vis des pouvoirs publics: de la confiance, du soutien, des outils et de la reconnaissance.
Ce sont les préalables aux améliorations dont nos établissements ont plus que jamais besoin pour retrouver des perspectives.


 
Déclaration liminaire du SMPS

 
Notre instance collégiale est la dernière avant le grand rendez-vous démocratique de la fonction publique du 1er au 8 décembre prochains. Les directeurs d’hôpital comme tous leurs collègues de la FPH seront appelés à choisir leurs représentants pour 4 ans.

La première préoccupation du SMPS est de faire des élections professionnelles une occasion forte de cohésion professionnelle, en espérant un très haut niveau de participation qui n’était plus au faîte qu’il a connu précédemment sur les deux dernières itérations.

Comme dans notre vie citoyenne où la place du politique doit demeurer, à notre sens, par-delà les aléas, les déceptions, les crises, un outil de renforcement du contrat social, il est important de garder foi dans les échéances, là plus professionnelles, qui mettent en jeu le rôle des corps intermédiaires que sont les syndicats. Le SMPS y est attaché, et l’a rappelé récemment dans le cadre de la constitution du CNR, où il a obtenu que les syndicats de directeurs soient bien présents pour porter leur vision de la refondation nécessaire de notre système de santé.

A cette occasion, sans aller tout de suite sur une forme de bilan, le SMPS souhaite dire à nouveau toute sa déception que la loi TFP ait appauvri les occurrences du dialogue social entre l’Etat et les directeurs et qu’il ait aussi effacé le fait paritaire.

Notre instance, grâce ou à cause de son ordre du jour famélique qui ne résout rien de la nécessité de consolider les processus de recrutement des directeurs (encore 5 à 6 mois d’intérim voire plus pour plusieurs établissements concernés aujourd’hui), est quasiment devenue le seul rendez-vous d’échange entre notre tutelle et les représentants des professionnels. Cela est tout à fait insatisfaisant.

A l’heure où les principes managériaux de base servant à tisser le mieux-vivre au travail ne disent que « proximité », « démocratie participative », « émulation collective » et « co-construction », l’État, dans son rôle de DRH des directeurs d’hôpital, a été trop souvent dans la mise à distance, avec les faibles relations avec la DGOS ou le collège des ARS, dans la lourdeur, avec des processus de gestion peu rénovés, dans l’absence de solutions pour des professionnels déboussolés et en souffrance, avec un programme de travail plombé par les impasses statutaires que les pouvoirs publics n’ont pas voulu dépasser malgré l’engagement sans faille des directeurs d’hôpital pendant LES crises comme au quotidien.

Que faut-il souhaiter alors pour un nouveau mandat ?

Les directeurs d’hôpital attendent 3 choses simples :De la confiance et du soutienDes outils pour travaillerDe la reconnaissanceLa confiance et le soutien :
Ceux dont ils manquent régulièrement lorsqu’ils font face à des situations dantesques qui engagent leurs compétences, leur responsabilité et, plus souvent qu’à leur tour, leur intégrité physique ou morale, leur santé enfin. Dans des ambiances délétères, en métropoles ou outre-mer, leur nom est jeté en pâture, leur responsabilité est supposée et leur action contestée chaque fois que les lignes organisationnelles des territoires doivent bouger et que cela n’est pas accepté localement ou chaque fois que les moyens manquent et qu’on leur demande d’être les Cassandre par qui toutes les mauvaises nouvelles arrivent. Dans toutes ces circonstances, les directeurs d’hôpital aimeraient sentir que l’Etat s’engage avec eux, que l’Etat soutient leur action, que l’Etat construit avec eux. Mais trop souvent les mots manquent, les demandes d’explications pleuvent et le dialogue en région ou dans les territoires s’épuise. Le SMPS, qui a pris acte de la nomination d’une nouvelle DGOS, rappelle l’urgence absolue que l’Etat, qui met tant de temps à renouveler son organisation et n’en a pas fini encore, si on lit bien les feuilles de route des missions Ricordeau et Courrèges, retourne auprès des directeurs d’hôpital pour construire avec eux et non pas à côté ou contre eux pour les assurer de son soutien et de sa confiance pour gérer les temps inédits que vivent nos établissements. Y compris en s’appuyant sur tous les collègues DH détachés dans tous ses services que le SMPS tient à saluer, et qui sauront, à leur place, concourir aux chantiers titanesques dressés.

Des outils pour œuvrer :
Chaque fois qu’un nouveau défi épidémiologique, sociétal, organisationnel, financier, se pose à l’hôpital les directeurs d’hôpital mettent en œuvre les solutions adaptées en s’appuyant sur leurs compétences, leur aptitude à fédérer et leur capacité forte et pertinente à produire à la fois une vision et à dégager les enjeux opérationnels. C’est cela être directeur d’hôpital.
Mais cette capacité n’est que peu sans les conditions optimales qui ne sont depuis longtemps plus réunies :Une attractivité au plus bas en raison de statuts médicaux enchevêtrés et concurrentiels entre eux, en ayant manqué le débat sur la pénibilité et la permanence des soins au sortir d’une crise qui était le témoignage de l’importance de ces sujets.Une absence de décision rapide sur la liberté d’installation et des axes nouveaux pour les carrières médicales.Une problématique de recrutement plombée par leur processus de sélection initiale et par une lenteur dans la transformation des métiers grâce demain à la pratique avancée ou aux délégation de tâches.Une absence de lisibilité des efforts du Ségur noyés dans la lourdeur des prises en charge.Des règles budgétaires non recouvrantes dans un contexte d’inflation galopante et d’étranglement financier, y compris pour les nouvelles opérations emblématiques d’investissement.Une absence de lecture des enjeux de territoires télescopées par des dispositifs myopes sur nos spécificités comme la réforme de responsabilité entre ordonnateur et comptable.Sur tous ces sujets qu’il n’est plus utile de détailler tant il est fait consensus sur leur poids sur l’action hospitalière, le SMPS demande solennellement qu’à l’aube des rédactions de ce qui est censé être des EPRD 2023, les directeurs ne soient pas laissés seuls dans ces impasses, tourments et impossibilités de faire mais que au niveau de l’Etat comme en région, un dialogue de gestion adapté soit mis en place au plus vite en déterminant les mesures de sauvegarde nécessaires au situations aigues et périlleuses traversées par les établissements.

Enfin, la reconnaissance:
Oui le SMPS dit son regret d’avoir vu l’état chiche de sa confiance et de sa reconnaissance auprès des directeurs d’hôpital.
Nous l’avons déjà dit : il n’y a pas eu de Ségur des directeurs.
Tout au plus un statut incomplet au bénéfice des directeurs de soins, nos partenaires au long cours pour porter l’action hospitalière. La réforme du statut des administrateurs d’État est là pour nous montrer que les grands rounds statutaires ont encore une occasion et une raison d’exister. Le SMPS appelle donc de ses vœux que l’Etat fasse le choix d’aborder aussi les chantiers des directeurs de la FPH qu’il a laissé sans solution : Emplois Fonctionnels, rebasage statutaire, mobilités, etc.Nous y lisons aussi que la suppression de quotas d’avancement est encore possible. Allons-y nous y sommes prêts !

Nous souhaitons également que les directeurs de la FPH soient préservés d’une lecture trop rapide de ce que cette réforme emporterait pour eux car, ici comme ailleurs, la simplicité apparente des arguments est souvent l’ennemi du respect des spécificités des métiers et de la subtilité des solutions au bénéfice de professionnels engagés qu’il ne faudrait pas à nouveau décevoir.

Le SMPS y veillera avec pour seul objectif l’amélioration en profondeur de notre statut comme celui de nos établissements.

Alors pour rejoindre l’autre des enjeux sociétaux majeurs qui est la crise environnementale, le SMPS n’aura qu’un souhait : que tous les collectifs et tous les acteurs puissent, comme le président de la République l’avait dit pour notre planète se regrouper positivement pour un seul objectif qui profiterait tout autant aux usagers, à nos établissements et à ceux qui les pilotent:« make our hospital great again »
 
Je vous remercie.