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CAPN DH du 9 avril 2024 – Déclaration liminaire

La Commission administrative paritaire nationale des Directeurs d’Hôpital de ce jour ne dénotera pas des précédentes au regard de son ordre du jour des plus synthétiques, puisque celui-ci se partage entre quelques recours sur évaluation et des reconductions de recherche d’affectation. Cet ordre du jour « léger » est néanmoins compensé par l’ouverture depuis un an des groupes de travail du CCN dont celui sur les recherches d’affectation. C’est à souligner.

Fidèle à sa tradition, le SMPS examine les situations qui nous sont exposées avec sérieux et indépendance.

Mais c’est le signe, une fois encore, d’un dialogue social limité qui conduit à ne s’intéresser à des situations individuelles et difficiles, qu’une fois seulement que les collègues concernés sont dans une impasse.

Nous sommes ici face à des situations dont l’origine remontent à plusieurs mois, voire plusieurs années, et dont pour certains les différentes voies de recours ont été épuisées.

Elles sont à l’image de beaucoup de cas suivis par le SMPS mais témoignent de l’incapacité à trouver des issues favorables dans les cas les plus conflictuels, ce que nous ne pouvons que déplorer.

A l’instar d’un système de santé qui peine encore à développer la prévention pour assurer son avenir, nos instances de tutelles ne disposent toujours pas, des bons messages de prévention et des « antidotes », pour traiter les maux qui rongent notre corps.

Ceux-ci viennent pourtant année après année renforcer le malaise d’une profession et érodent année après année son attractivité.

A ce titre le récent bilan du comité de signalement des difficultés d’exercice de la part du CNG confirme la persistance de situations complexes où se mêlent isolement professionnel, manque de soutien institutionnel et pratiques managériales délétères.

Le recours accru à ce dispositif doit une fois de plus nous alerter sur les situations traversées par de nombreux collègues dans les établissements.

Cela doit également nous amener à prendre pleinement conscience que derrière les cas de collègues qui ont osé envoyer un message d’alerte se cachent tous ceux qui n’osent pas franchir ce pas.

Par peur, par manque d’information ou par sentiment d’illégitimité, sans doute. De telles situations peuvent pourtant tous nous concerner, adjoints comme chefs, et il s’agit de s’en prémunir par un accompagnement adapté à nos responsabilités.

C’est là une mission que s’est fixée le CNG à travers son programme de travail, dans la continuité de ses travaux sur la recherche d’affectation ou la refonte des grilles d’évaluation.

Et si nous sommes conscients des difficultés de moyens rencontrées par l’institution, il importe que ces sujets de fond soient menés jusqu’au bout à travers des mesures concrètes. Le SMPS appelle donc à une reprise rapide des groupes de travail du CNG à travers un calendrier connu à l’avance.

Et ces temps de réformes statutaires parler de calendrier n’est pas non plus anodin.

Le SMPS a accueilli avec satisfaction les annonces des pouvoirs publics concernant la transposition au statut des Directeurs d’Hôpital de celui des Administrateurs de l’État.

Mais s’il fallait encore le répéter, la satisfaction n’exclut pas la vigilance. Et ce d’autant plus après une année de presque-négociations (ou plus vraisemblablement de vagues concertations) où nous avons eu tout le loisir de constater à quel point notre métier demeurait méconnu, voire déconsidéré.

Un an d’échanges, d’atermoiements, de refus de siéger dans les groupes de travail et de tentatives de ralentissements en tous genre auront été nécessaires jusqu’à que le plus haut niveau de l’État admette ce qui semble pourtant une évidence :

  • Oui, les Directeurs d’Hôpital assument des responsabilités au moins assimilables à celles des administrateurs de l’État.
  • Oui, leur niveau d’exposition justifie qu’ils soient intégrés dans la réforme de la haute fonction publique.
  • Oui, ce n’est qu’une juste reconnaissance de la part des pouvoirs publics envers celles et ceux qui participent activement et sans compter leurs heures à la continuité des soins.

Et oui, cette reconnaissance doit être la porte d’entrée d’une revalorisation générale des corps de direction de la FPH et leur intégration progressive mais rapide dans la réforme.

Le SMPS appelle donc une fois de plus à ce qu’un calendrier resserré intégrant les chantiers de revalorisations des trois corps de direction soit enfin proposé par les pouvoirs publics.  

Cette satisfaction évoquée plus tôt ne remet enfin pas en cause le regard lucide que nous portons sur notre métier, et plus particulièrement sur son attractivité.

La réforme de notre statut est légitime au regard des efforts des DH depuis plus d’une décennie, il s’agit avant tout d’une reconnaissance chèrement acquise et d’un rattrapage nécessaire vis-à-vis de la FPE.

Mais elle ne doit pas masquer les problématiques bien plus profondément ancrées dans notre exercice professionnel et qui ne sont que les conséquences des crises à répétition traversées par les établissements de santé.

Nos métiers sont difficiles, nous le savons tous, la période n’est pas la plus faste pour nos établissements et les conditions d’exercice ont nécessairement un impact sur les professionnels sous notre responsabilité.

Les racines de la perte d’attractivité de nos fonctions demeurent ainsi toujours les mêmes : manque de visibilité et dégradation des conditions d’exercice du milieu hospitalier.

A ce titre, et sans attendre les réunions de veille d’été des ARS, les DH préparent déjà leurs établissements à une période estivale qui sera exactement marquées des mêmes maux que les précédentes : manque de professionnels, suspensions temporaires d’activité de service et fermeture de lits.

Le tout dans un contexte olympique qui pour de nombreux collègues ne sera malheureusement pas synonyme de fête.

Le meilleur indicateur sur l’avenir de métier demeure ainsi le concours. Les inscriptions sont closes depuis quelques semaines et nous serons très attentifs à avoir rapidement les informations sur le nombre de présents aux épreuves écrites.

Bien que pertinente dans ses fondements, la réforme du concours qui entrera en vigueur l’an prochain ne résoudra pas, sans perspective claire sur l’avenir du métier, la diminution continue (bien qu’ayant atteint un plancher) du nombre de candidats. Ne nous leurrons pas.

Nous attendons donc du CNG un suivi de l’évolution des inscrits et des présents ainsi qu’une publication régulière des rapports des jury. Ce qui n’est pas encore le cas pour l’année 2023.

Enfin, permettons-nous un retour en arrière. Il y a de cela plus d’une décennie paraissait l’ouvrage qui avait fait date « Directeurs d’Hôpital, l’essor d’une profession » publié par plusieurs de nos collègues.

Il y soulignait déjà que, malgré leur rôle incontournable, les directeurs restaient méconnus du grand public. Et force est de constater que les négociations statutaires sont venues confirmer ce constat.

Certes, en plus de dix ans notre exercice professionnel a grandement évolué, par son intensité, par la systématisation de l’exercice territorial ou encore par les difficultés de recrutement devenues permanentes. Mais il reste une référence à plus d’un titre, et en particulier pour de nombreux préparationnaires du concours.

Il se concluait ainsi par des questionnements pour l’avenir, se demandant qui seraient les directeurs, quelle serait leur formation et comment seraient les hôpitaux en 2025.

Nous approchons inexorablement de la date, et si les DH ont aujourd’hui l’opportunité de connaître une reconnaissance légitime, tachons que celle-ci aille jusqu’au bout. Au risque, sinon, de voir paraître une suite, un volume 2, intitulé « remord d’une profession ».