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Risques psycho-sociaux des personnels de direction de la FPH: les difficultés d’exercice ne doivent plus être des tabous !

La Commission des conditions de travail (CCT) de mars dernier a permis de dresser un premier bilan du comité de suivi des risques psycho-sociaux des personnels de direction de la FPH mis en place par le CNG. Après plus d’un an de fonctionnement, celui-ci révèle les principales problématiques détectées dans l’exercice professionnel des collègues et la nécessité de mieux faire connaître cet outil. 

Les établissements publics sanitaires, sociaux et médico-sociaux connaissent depuis plus d’une décennie de profondes transformations qui affectent logiquement les modes d’exercice de leurs cadres de direction. Accroissement des périmètres géographiques et fonctionnels, notamment à l’aune des GHT et des Directeurs communes, pression à la fois budgétaire et professionnelle, charge de travail accru, tensions dans les relations avec les agents ou encore une actualité plombée par la pandémie, problèmes de conciliations entre vie professionnelle et vie personnelle, le directeur-bashing et l’absence de perspectives sont autant d’éléments qui peuvent avoir un impact durable sur la qualité de vie au travail.

C’est afin de prévenir et de lutter contre ces phénomènes que le CNG a mis en place au début de l’année 2021, le dispositif de signalement, de traitement et de prévention des difficultés d’exercice, principal outil de lutte contre les risques psycho-sociaux (RPS) qui peuvent affecter les Directeurs au sein de la FPH.
 

Rappel sur le fonctionnement et les objectifs du dispositif de signalement, de traitement et de prévention des difficultés d’exercice
Ce dispositif consiste en un formulaire de signalement à l’attention des Directeurs, disponible sur le site Internet du CNG, qui vise à identifier les difficultés ressenties ou vécues et d’un comité de suivi dont le rôle est de « proposer les actions à évaluer et à conduire pour traiter les situations signalées, et ainsi mieux accompagner les directeurs qui éprouveraient des difficultés dans leur exercice professionnel ».

Le déploiement de cet outil s’inscrit par ailleurs dans la stratégie nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé et se base également sur le protocole d’accord relatif à la prévention des RPS dans la fonction publique, daté de 2013. Le SMPS soutient cette initiative, qu’il appelait depuis longtemps de ses vœux.

Ses objectifs sont définis dans son nom :

  • Le signalement et l’identification des situations de difficultés des collègues ;
  • Le traitement et la prise en charge de celles-ci de façon collégiale, après analyse des éléments apportés par la personne souhaitant bénéficier d’accompagnement ou de conseils ;
  • La prévention, par la cartographie des situations à risque issues des appels des DH, D3S et DS recourant à ce dispositif, et ce afin d’alimenter la réflexion à ce sujet, mieux cibler les facteurs de risques et à terme se doter d’une stratégique de prévention complète.

Le comité de suivi de ce dispositif, émanation de la commission des conditions de travail (CCT) des personnels de direction de la FPH à laquelle il rend compte, est composé :

  • De quatre professionnels du CNG, dont sa Directrice Générale
  • D’un représentant de chaque organisation syndicale représentative
  • De deux experts associés (médecin du travail, psychologue)

A noter: Les membres du comité sont « soumis à une obligation de confidentialité en ce qui concerne tous les documents et faits dont ils ont eu connaissance en cette qualité. ». Les formulaires sont par ailleurs traités de manière confidentielle et indépendante et ne figurent pas dans le dossier administratif du Directeur. Le CNG s’engage à le recontacter sous 48h.

Après l’évaluation de la demande, le CNG apportera des propositions de réponses adaptées, telles qu’une médiation, un suivi médical, un plan de formation individualisé ou un accompagnement personnalisé via des coachs.

Rappelons toutefois que ce dispositif de signalement doit être distingué d’un besoin d’écoute urgent. Pour cela, le CNG a également la mise en place début un numéro vert d’accompagnement psychologique, joignable 24h sur 24 et 7 jours sur 7, de façon totalement anonyme et confidentielle.

L’accès au formulaire de signalement : https://www.cng.sante.fr/formulaire-signalement-difficulte-dexercice

Le numéro d’accompagnement psychologique : 0 800 203 007

Quel bilan après un an de déploiement de ce dispositif ?
La Commission des Conditions de Travail (CCT) de mars dernier a permis d’établir un nouveau bilan de ce dispositif qui met en lumière les principales problématiques détectées dans l’exercice professionnel des collègues et les différents motifs de recours à un accompagnement.

Selon le CNG, le signalement de 49 collègues a été examiné 19 D3S, 15 DH et 5 DS. Si le SMPS se félicite de ce nombre encourageant démontrant l’utilité d’un tel outil et une meilleure prévention des RPS, force est de constater qu’il demeure méconnu des collègues ou insuffisamment considéré comme une opportunité par ceux-ci. Pour un personnel de direction qui signale sa condition, combien restent silencieux ?

L’analyse de ce premier bilan permet de distinguer plusieurs tendances fortes :

  • Près de la moitié des cas concerne des collègues ayant débutés leur métier entre 2010 et 2021. Cela pose la question de la préparation aux fonctions de nos collègues, d’une part, et de la structuration d’un réseau professionnel, d’autre part, permettant d’échapper à cette spirale de l’isolement aux conséquences sociales et médicales parfois dramatiques.
  • Plus d’un tiers des cas concerne des chefs d’établissement, soit 18 signalements sur 49, appartenant très majoritairement au corps des D3S et exerçant en EHPAD. Cet état de fait est à rapprocher des situations d’isolement (géographique, professionnel) de nos collègues D3S qui nous parviennent et qui font souvent état de la solitude dans leurs établissements, face à un élu interventionniste, des représentants d’usagers excédés, des médias locaux aux aguets et des ARS très distantes.
     
  • Les raisons invoquées pour justifier ce signalement concernent dans près de 65% des difficultés relationnelles rencontrées sur leur lieu de travail, mais également le contexte particulier de leur établissement et la charge de travail. Dans les plus grosses structures, les problèmes de management inadapté ou peu respectueux illustrent également les obstacles à un exercice professionnel serein au quotidien, le tout dans des organisations mises de plus en plus en tension.

Pour le SMPS, tous ces signalements disent les difficultés ressenties ou vécues par les Directeurs dans leur exercice quotidien ainsi que l’interférence croissante entre la sphère professionnelle et la sphère personnelle. Il s’agit en effet d’établir un constat lucide et pragmatique de la situation dans laquelle se trouvent de nombreux collègues, sans pour autant céder à un pessimisme excessif. Il est évident que la période de grandes difficultés que nous traversons collectivement a exposé nombre d’entre nous à des moments difficiles ou des obstacles qui ont pu dégrader nos conditions de travail. La résolution de ces situations passera par la mise en place d’une véritable politique ambitieuse de prévention des RPS pour les emplois de direction mais également par un effort accru en faveur de l’accompagnement et du compagnonnage, notamment au moment des prises de poste.

Le SMPS plaide de surcroît pour la mise en œuvre des dispositions portant sur les conditions d’accès à la médecine du travail prévue par le protocole d’accord de 2011, et prévoyant la création d’un comité médical national et d’une commission de réforme. Ces entités viendraient en effet consolider les différents outils de prévention des risques médicaux et psycho-sociaux des Directeurs, permettant à ces derniers de bénéficier d’un meilleur encadrement en la matière.

Dans ce contexte, le SMPS tient aussi à saluer le travail accompli par les équipes du CNG en amont des séances du comité (recueil de signalements) et en aval, dans les stratégies d’accompagnement et de suivi des collègues en difficulté proposées par le comité.

Enfin, le SMPS reste à votre écoute si nécessaire,
 
Vos représentants SMPS au comité de suivi des RPS
Titulaire : Nicolas SAVALE – nsavale@chu-clermontferand.fr
Suppléant : Serge MORARD – s.morard@ch-crepyenvalois.fr

 

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