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CAPN des Directeurs d’Hôpital du 6 décembre 2023 – déclaration liminaire du SMPS

Comme à l’accoutumée, cette dernière CAPN des DH de 2023 est l’occasion d’établir un bilan de l’année écoulée pour la catégorie des Directeurs d’Hôpital et, de façon plus générale, sur l’état du dialogue social.

Car le contexte est aujourd’hui bien différent de celui en vigueur l’année passée. Les élections professionnelles venaient alors clôturer une année 2022 marquée par l’absence de perspectives majeures pour nos métiers et un sentiment généralisé de manque d’écoute.

Nous y faisions le constat que les échanges avec les pouvoirs publics restaient réduits à leur plus simple définition, et ce à travers des instances aux ordres du jour rabougris où le dialogue se limitait à quelques déclarations liminaires.

Mais nous pouvons constater que ce contexte a changé. Non pas que la CAPN ait retrouvé sa superbe d’antan, -ce serait trop beau -, mais nous pouvons nous féliciter de ce qui semble être une véritable prise de conscience de la part de nos autorités de tutelles face à la situation dramatique dans laquelle évoluent nos établissements, et avec eux ceux qui sont chargés de les piloter.

Cela fait donc maintenant près d’un an que le corps des Directeurs d’Hôpital est engagé dans le processus d’intégration à la réforme de la Haute Fonction Publique et de transposition de notre statut sur celui des Administrateurs de l’État.

Or il est intéressant de voir à quel point la réalisation de cette transposition, faite d’annonces, de coups d’arrêts et d’atermoiements, illustre assez fidèlement la difficulté d’aboutir collectivement à un dialogue social serein, constructif et de confiance.

Faisons la rétrospectives de ces échanges qui ont commencé par… un long silence. Celui de la mise en place des calendriers et de la coordination des différents groupes de travail des évolutions des trois corps de direction.

Si cela était compréhensible dans les premiers mois d’un tel chantier statutaire, le premier de cette ampleur en plus d’une décennie, c’est malheureusement devenu regrettable quand aux délais se sont ajoutés les retards.

L’absence de réels contenus et de certitudes au travers des groupes de travail, tant sur la sur la prise en compte effective de nos spécificités que des évolutions de nos fonctions, notamment sur l’émergence du fait territorial, ont ensuite été source d’inquiétudes sur la réalité d’une réforme pourtant annoncée comme historique. La crainte exprimée d’emblée de la difficulté à tenir les calendriers pour une transposition du statut en janvier 2024 est enfin devenu une évidence à la rentrée de la période estivale.

Nous déplorons tout ce temps perdu avant que ne débutent enfin les véritables travaux dans lesquels nous sommes enfin pleinement engagés depuis plusieurs semaines maintenant. Pourtant le SMPS n’a cessé pendant ces longs mois de silence d’œuvrer au plus haut niveau pour faire entendre la voix des manageurs hospitaliers au cœur d’une réforme de la haute fonction publique où leurs responsabilités et leurs vécus demeurent malheureusement mal connus, voire encore souvent caricaturés.

Nous ne cherchons pas ici à accuser qui que ce soit des retards pris dans cette réforme. Nous y étions préparés et percevons l’ambition portée par nos tutelles.

Nous mesurons également la difficulté de faire entendre les attentes et les particularités de notre corps à d’autres acteurs, et ce au milieu des dizaines de priorités qui agitent tant la fonction publique que l’ensemble du secteur de la santé.

Le déficit d’attractivité de la fonction publique, qualifiée encore récemment par le Ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques de « mère de toutes les batailles », est en effet au cœur des multiples chantiers menés désormais à l’échelle de la fonction publique toute entière. Et nous ne pouvons que nous en féliciter après les années de « fonctionnaire bashing » auxquels nous sommes encore relativement habitués.

Mais cette attente de la part des Directeurs d’Hôpital ne cesse de croître au fur et à mesure que l’actualité de la transposition pénètre dans le corps. Sans promettre de « grand soir du statut des DH », il est évident que l’attente est désormais perceptible dans nos échanges avec les collègues.

Celle-ci témoigne surtout du besoin criant de reconnaissance ressenti par de nombreux collègues, qu’ils soient chefs d’établissements ou Directeurs-adjoints, pour qui le quotidien est fait de tensions permanentes et la normalité se résume à une pression maximale sur les conditions d’exercice en établissement hospitalier. Le tout conjugué avec la crise des ressources humaines que nous traversons et la déshérence d’un ONDAM en dessous de l’inflation.
 
Quitte à le répéter, cette réforme ne doit pas être un énième rendez-vous manqué pour les Directeurs d’Hôpital. Plus que jamais les DH ne peuvent pas passer au second plan de la haute fonction publique, ne serait-ce qu’au regard de leurs hautes responsabilités.

Or, ils sont peu nombreux dans la haute fonction publique à pouvoir ainsi se vanter d’avoir la charge de la continuité des activités de jour comme de nuit dans les conditions que nous vivons. Ils sont aussi peu nombreux à engager régulièrement leur responsabilité personnelle et pénale en tant qu’ordonnateurs des dépenses et responsable juridique des établissements qu’ils administrent.

Ils sont enfin également rares ceux dont la mission première consiste à fournir à la population une réponse adaptée et accessible à leurs besoins les plus vitaux, quitte à subir leur colère, parfois jusqu’à la séquestration. Et ce n’est pas de l’orgueil que de rappeler ces évidences à l’heure où nos statuts sont au coeur des négociations et que les spécificités de nos exercices sont questionnées.


Ce que nous attendons de cette réforme n’est donc pas seulement un énième rattrapage, mais bel et bien un aggiornamento qui sera à la fois source de reconnaissance et d’attractivité.

Et au-delà de l’attractivité pour celles et ceux qui rejoindront le corps dans le futur, il s’agit aussi de l’attractivité pour inciter à assumer des responsabilités accrues dans nos établissements – ce qui passe logiquement par un soutien accru à nos emplois fonctionnels, futurs emplois supérieurs.

Cette année 2023 sera donc plus que jamais celle du tournant pour notre corps. 2024 sera celle qui sera déterminante pour son avenir. Le SMPS sera là bien entendu à chaque étape pour que rien ne soit laissé au hasard dans les futures négociations.