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Comité consultatif national du 5 juin 2025 Déclaration liminaire du SMPS

Des temps préoccupants pour les corps de direction de la FPH

 
Le Comité consultatif national n’est pas l’instance la plus connue de nos collègues.

Souvent décrite comme équivalent de nos CSE d’établissements elle est en tous cas celle qui est appelée à nous permettre de débattre et de prendre des avis sur des questions statutaires de fond qui intéressent la gestion des corps de la fonction publique hospitalière et nous permettre également d’en étudier les données d’activité, de statistiques pour nous amener, de notre point de vue, à faire progresser les conditions d’exercice de ces corps.

Or, il semble à tout le moins difficile, en ce printemps du quart de siècle, pour les directeurs comme leurs représentants d’y trouver quelques motifs de réjouissance.

Même si nous tenons à saluer l’attention portée à notre syndicat et à nos propositions par nos ministres de la santé et de la fonction publique, et ce encore récemment lors du grand rendez-vous des hospitaliers à Santexpo, les directeurs ne peuvent se contenter de ces signes bienveillants au milieu d’un océan de contraintes, de marques perçues de défiance et de sources de grandes inquiétudes pour nos métiers comme pour nos établissements.

Et il est donc difficile dans ce contexte de se défaire de cette idée que, quoi qu’il advienne, quoi que soient leur capacité à porter un système dont les rouages ne fonctionnent plus, ni sur le plan financier, ni sur le plan des ressources humaines, les directeurs de la FPH sont voués à être sous ou non considérés et leurs parcours englués dans des temps de souffrance au travail et de non reconnaissance plutôt que mis à l’honneur de leurs qualités de courage, d’abnégation et d’engagement dont ils font sans cesse preuve au quotidien.

Ces qualités mêmes que leurs homologues des 2 autres fonctions publiques leur reconnaissent immédiatement lors des rares temps de formation communs ou lorsque ceux-ci travaillent avec eux.

Alors pourquoi maintenir les corps de directeurs de la FPH dans des conditions statutaires qui ne reconnaissent pas ce haut niveau de service et cette indéfectible capacité à surmonter les crises comme nul autre ?

Et ces crises vont encore se répéter avec comme tête de pont pour les prendre de plein fouet, les directeurs.
Le temps du redressement des comptes sociaux, pour l’heure, à grand renfort de méthodes plus que connues mais souvent impuissantes à produire de vrais chocs systémiques pour améliorer la situation de la branche maladie de la sécurité sociale est venu. Nous avons dit notre colère que les situations indemnitaires individuelles soient considérées comme l’arme suprême pour résoudre crise des vocations, de l’investissement, de trésorerie, de l’offre et de l’accès aux soins.
Nous réitérons ici dans cette instance qui doit normalement nous permettre de prendre le recul nécessaire à bien penser (à défaut de PANSER) nos métiers notre engagement à la fois à conduire nos établissements vers le meilleur, ce qui a toujours été notre boussole, et notre détermination à ce qu’un nouveau « quoi qu’il en coûte » mais cette fois-ci en termes de sacrifices des directeurs eux-mêmes sur l’autel de l’impossibilité de réformer n’ait pas lieu.
Or déjà des signes inquiétants se font jour : multiplication des non renouvellement des emplois fonctionnels, nouvelles incitations aux rapprochements forcés d’établissement, augmentation notable, comme le SMPS le dit déjà depuis de nombreux mois des signalements de risques psycho sociaux ou de mal-être au travail quels que soient les corps et les positions (chefs, adjoints ou détachés).

Est-ce vraiment ce que l’Etat souhaite aux fidèles serviteurs des politiques publiques que sont les directeurs de la FPH depuis toujours ?

Ceux qui connaissent la mobilité de la façon la plus contraignante, avec quelques corps d’Etat, ceux qui connaissent la variabilité de leur rémunération depuis 20 ans (2005 !), ceux qui plus que d’autres agissent à la confluence périlleuse des intérêts corporatistes ou politiques dans les territoires en étant trop souvent désignés comme fusibles ou boucs émissaires de l’incapacité bien française à des compromis ou des renoncements, ceux qui assurent la continuité hospitalière ou médico-sociale comme nuls autres.

Qu’avons-nous fait pour mériter cette moindre attention que nos homologues de l’Etat que ce soit dans nos statuts comme dans la faiblesse des moyens donnés pour gérer nos corps ?

Le débat sur l’intenable responsabilité des responsables financiers montre une nouvelle fois à la myopie de ses créateurs, qui n’ont pas voulu écouter les voies de passage proposées pour garantir l’Etat et les deniers publics de leur protection tout en garantissant aux directeurs des conditions adaptées et respectueuses de la complexité de leur action.

Faisons la somme : contraintes de terrain grandissantes, emplois fonctionnels révocables plus facilement, régime de mise en cause potentiellement dévastateur à court terme, réduction forte des perspectives internes de carrière, absence de véritables passerelles vers les plus hauts emplois de l’État… cherchons ensemble d’éventuels signes plus encourageants pour les directeurs de la FPH !!

Le CCN est bien l’instance qui nous donne ce regard objectif : attractivité pour les voies d’accès incertaines, poursuite de la métropolisation des affectations et décrochage de la valorisation de l’exercice en CH en promouvant l’exercice en CHU y compris dans les parcours sélectionnés pour les plus hauts emplois au détriment de la fonction de chef d’établissement chez les DH, paupérisation de la fonction de DS, isolement accentué de la fonction de D3S…
Aucune inflexion ne semble être programmée pour améliorer ces situations.

La suspension du processus de transposition de la réforme des AE est bien entendu le point d’arrivée de cette colère des directeurs de la FPH.

Le prétexte de l’impact de la dissolution de l’été 2024 soufflera sa première bougie dans 4 jours.
Il est temps que les directeurs soient rappelés à la table des négociations pour obtenir la simple équité de traitement qui leur est dûe.

L’attractivité de nos corps en dépend de façon urgente.
Chez les Directeurs d’hôpital, plusieurs types de postes très exposés commencent à avoir des difficultés à attirer : les affaires financières et les ressources humaines. Qui s’en étonnera quand on connait la prégnance des contraintes budgétaires, l’incertitude tarifaire chronique et l’impact que les sous effectifs peuvent avoir sur les résultats financiers des établissements. Aussi, est-il vraiment raisonnable de proposer ces postes au sortir de la formation ? Paradoxe d’un cercle vicieux duquel les plus aguerris s’échappent sans doute pour trouver plus de sérénité dans leur exercice quotidien…
En matière d’attractivité, les Directeurs des soins détiennent sans doute la palme d’un métier menacé d’extinction. Mais comment penser un hôpital et des ressources soignantes au niveau sans directeurs des soins en établissement, en expertise et en instituts ? Instituts d’ailleurs sur lesquels les régions de France ont de grandes ambitions mais peinent à s’engager sur des transformations immédiates et nécessaires en matière d’accueil, d’investissements, d’innovation.
Du côté des Directeurs d’établissement sanitaire social et médico-social, la situation n’est guère plus enviable nous l’avons dit. Là encore, nous affirmons la spécificité d’un métier singulier très bien décrit récemment par nos collègues en instance collégiale et dont la seule survenue questionnante du décret sur les GTSM ne suffira pas à redresser le manque d’attractivité, en miroir inversé avec le haut niveau d’engagement.
 
Ne soyons pas plus longs pour laisser la place aux débats.

L’heure est sombre pour nos établissements et pour nos corps.

Le SMPS reste combattif et force de propositions pour eux. Mais il sonne aussi le tocsin de la réassurance des professionnels, du soutien indispensable aux établissements pour un redressement qui ne se fera assurément pas sans eux.