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Prime exceptionnelle : une reconnaissance en trompe-l’œil en attendant que Ségur mette fin aux malheurs de l’hôpital et des EHPAD publics

Après plusieurs semaines d’attente et alors que le Président de la République s’était engagé à ce que la prime exceptionnelle soit versée aux hospitaliers en mai 2020, le texte est (enfin) paru ce vendredi 15 mai, trop tard, et les paiements interviendront en juin.

Cette publication tardive, sans réelle concertation, est une déception qui  s’ajoute aux fractures territoriales et sectorielles d’une prime différenciée en fonction du degré de propagation de l’épidémie, malgré des garanties quant à sa vocation universelle détaillées aux articles 1 et 9.

La crise a soudé les communautés hospitalières, les primes vont les diviser, parfois aussi au sein d’un même établissement ou GHT !
Dans un esprit fédérateur, le SMPS encourage ses adhérents, en s’appuyant sur l’annexe 2, à appliquer de façon extensive le versement de la prime à 1500 euros, et ce, en concertation avec l’ensemble des représentants de la communauté hospitalière locale, dans le cadre du directoire par exemple.

Et c’est sans compter sur les dernières annonces concernant les EHPAD, pour lesquels les règles applicables devraient encore être différentes. Dans ce contexte, comment les directeurs peuvent-ils parvenir à répondre aux attentes légitimes des agents ? Comment mettre en œuvre ces textes sans susciter de nouvelles amertumes chez ceux qui ont tant donné ?
Partiel, partial ce texte devait, en principe, être complété par un texte relatif à la majoration des heures supplémentaires qui était supposé être publié simultanément ? Cette absence de visibilité pour les personnels et les directeurs est tout à fait insatisfaisante !

Une fois de plus, les directeurs se retrouvent à jongler avec des injonctions paradoxales et à générer de l’insatisfaction dont ils sont à tort jugés responsables. Nous sommes déjà accusés de ne pas aller assez vite, de n’agir qu’en « gestionnaires » alors même que notre capacité d’action est contrainte voire entravée.
Ce texte n’apporte pas par ailleurs les réponses quant au financement de ces diverses mesures qui ne sont pour l’heure que partiellement compensées.
C’est donc une prime partiellement universelle ou peut-être universellement partielle qui est proposée. Elle constitue un geste exceptionnel mais n’épuise pas du tout le sujet de la nécessaire revalorisation des carrières et de la reconnaissance de l’effort constant et infaillible des hospitaliers.

Espérons donc que « le monde d’après » nous donne enfin l’opportunité de remettre, entre autres, la question de l’attractivité de l’hôpital au cœur du débat public. Attractivité qui nécessitera certes une refonte de la politique salariale de la FPH mais au-delà de (re)donner aux directeurs des moyens d’agir en fonction des réalités territoriales et non des hypothèses imaginées justement depuis l’avenue de Ségur !

Au regard des premières annonces faites ce week-end par le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran, le SMPS attend beaucoup du « Ségur de la santé » et, conforme à ses positions de soutien aux professionnels exprimées dès l’automne dernier, fera des propositions certes pour une politique salariale revue, mettant fin à l’effet de saupoudrage induit par le versement de primes ponctuelles et surtout pour offrir davantage de souplesse aux manageurs dans leur exercice quotidien.

Tous hospitaliers, tous mobilisés !