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EHPAD : l’art, la manière et les limites du YAKAFOKON à distance Le 5 mai, la Défenseure des droits a produit un rapport thématique intitulé « Les droits fondamentaux des personnes âgées dépendantes ».

Ce rapport interpelle. Tel Janus, il présente 2 visages.

Le premier, tapageur, destiné probablement à la Presse qui n’ira pas plus loin que l’introduction, rappelle le noble rôle de l’institution destinée à réparer les torts face aux iniquités des institutions médico-sociales. Il sera noté ici que la Défenseure ne donne pas le nombre de réclamations que ses services ont traité sur le sujet. Il sera simplement souligné que les directeurs sont désormais habitués à la critique systématique du secteur médico-social, comme une formule de bon ton et en définitive assez convenue.
Il ne s’agit pas ici de nier les difficultés de notre métier ni d’affirmer la perfection de nos actions, mais simplement d’évoquer une forme de lassitude face à des assertions en définitive assez superficielles.

Le second visage, quant à lui, se veut plus utile avec plus ou moins de succès. 64 recommandations destinées à rendre effectifs les droits des personnes accueillies adressées aux ministères et aux tutelles, qui, tel un inventaire à la Prévert, pointent divers dysfonctionnements du secteur. Certaines apparaissent déjà dans certains territoires comme anachroniques parce que les établissements peuvent déjà être engagés dans des démarches comme la constitution de filières gériatriques.

D’autres propositions peuvent être accueillies avec un enthousiasme certain par les acteurs du secteur, excepté peut-être la Direction de la sécurité sociale ou encore les financeurs de manière générale : proposer un encadrement effectif de 0,8 personnel par place demande un gros effort financier.

Sans entrer dans le détail, le rapport reprend un certain nombre de propositions déjà formulées dans d’autres productions administratives auxquels les professionnels du secteur souscrivent et qui, pour la plupart, demandent une chose simple : des moyens.

Surfant sur la vague et l’actualité, Madame la Ministre Déléguée chargée de l’Autonomie dénonce dans une interview certains EHPAD mettant en place des situations abusives. Un taux de 10 % est avancé sans que ce chiffre repose sur une quelconque enquête menée. L’intervention avait probablement pour objectif d‘annoncer le protocole paru le jour-même. Il sera noté que celui-ci laissera pour une fois un délai d’une semaine pour donner une organisation correcte aux institutions. Une première au bout de plus d’une année de crise. On pourra noter aussi qu’il n’apporte pas grand-chose par rapport à la réalité préexistante du terrain. Tout ça pour ça.

Il est en revanche passé sous silence le fait que ce protocole est réclamé depuis mars par les professionnels. Habitude est prise désormais de laisser les directions piloter en local dans un flou certain. La manœuvre est habile : faire assumer à d’autres les responsabilités, les échecs et les renoncements. Souffler le chaud et le froid sur une institution publique entretient la colère des familles comme le fait l’article du Monde de ce weekend ; nous demandons au contraire davantage de soutien par l’Etat.
Cette communication de contrefeu ne doit pas faire oublier les renoncements en catimini : loi sur l’autonomie, l’enfance, la psychiatrie.
Certes, le Ségur de la Santé a commencé. Toujours sous la forme d’appels à projets qui se multiplient et de crédits non reconductibles.

Cette réponse est un début clairement insuffisant. Les besoins sont systémiques. Les professionnels sont mobilisés, mais pour combien de temps encore ?

Travailler sur l’attractivité du secteur, des métiers passe certes par les revalorisations statutaires qui sont en cours pour les agents et dont nous sommes, pour le moment nous l’espérons, exclus mais aussi et surtout par la capacité à agir qui est empêchée par des moyens insuffisamment dimensionnés.
Travailler sur l’attractivité du corps des D3S passe par un alignement du statut sur celui des DH. La crise n’a fait que mettre en lumière un constat effectué depuis longtemps par tous : les responsabilités sont équivalentes, la rémunération est distincte.

Le discours sur l’efficience des politiques publiques a atteint dans nos secteurs son paroxysme. La crise traversée, conjoncturelle, n’est en réalité qu’un révélateur d’un système qui privilégie de manière systématique l’économie au détriment de la qualité. Ces choix publics ont des conséquences dans les accompagnements.

Alors, pour critique qu’il soit, cet énième rapport, cette énième sortie malvenue, doivent avoir le mérite de rappeler les pouvoirs publics de revenir sur leur renoncement à produire la loi attendue sur l’autonomie, sur son caractère prioritaire, urgent et sociétal.

Inspirés par Talleyrand qui indiquait : « qui n’a pas les moyens de ses ambitions a tous les soucis. » Il est temps pour les pouvoirs publics de donner les moyens de porter le projet collectif du vieillissement de la population.

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fidèle aux valeurs d’un service public de santé tourné vers l’avenir