Alerte aux urgences hospitalières !
Les raisons de ce mal chronique sont bien connues des différents pouvoirs publics qui se sont succédé depuis une dizaine d’années : les urgences sont devenues la fausse solution des importants dysfonctionnements qui touchent la médecine ambulatoire de soins primaires depuis 15 ans : diminution de la densité médicale dans certaines zones par non-remplacement des départs en retraite, incapacité des médecins de soins primaires de faire face aux demandes non programmées, baisse de 40% du temps médical consacré aux soins, vieillissement de la population avec une insuffisance de suivi médical dans les EHPAD, la surconsommation médicale de la population jeune pour des problèmes bénins qui pourraient être réglés par du simple conseil, etc.
Toutes ces raisons et d’autres ont fait l’objet d’analyses et d’études partagés.
Pour autant les solutions apportées, essentiellement des moyens supplémentaires accordés régulièrement aux urgences hospitalières, n’ont rien changé.
C’est pourquoi le SMPS demande que des mesures nouvelles, courageuses et lucides soient prises par les pouvoirs publics afin de répondre à la souffrance actuelle des personnels des urgences.
Il y a des mesures immédiates qui n’excluent pas la nécessité de présenter un véritable plan d’action de long terme pour l’ensemble des territoires de santé, notamment de revoir la mission des services d’urgences hospitalières, comme l’a demandé la Ministre de la santé au Conseil national de l’urgence hospitalière. C’est pourquoi nous participerons à la réflexion que conduira le Conseil national de l’urgence hospitalière.
Mais pour l’heure nous demandons aux pouvoirs publics de :
- permettre à l’ensemble des praticiens hospitaliers, des laboratoires et des services d’imagerie médicale d’adopter une attitude solidaire envers les personnels des services d’urgences afin de faciliter le bon fonctionnement de ces services très dépendants des autres services hospitaliers, en particulier lors de l’hospitalisation des personnes très âgées ;
- donner au Centre 15 ou 112 et à d’autres organisations de permanence des soins la mission d’assurer le filtre nécessaire de la demande populationnelle en soins non programmés afin de prévenir les venues inutiles aux urgences ;
- créer immédiatement une prime exceptionnelle aux soignants des urgences qui font un travail remarquable et insuffisamment reconnu ;
- favoriser rapidement l’arrivée aux urgences d’infirmiers en pratiques avancées formés à la prise en charge de soins non programmés. Leur salaire doit être attractif ;
- organiser dans les établissements périphériques des plateformes d’appel permettant aux médecins de soins primaires de prendre un avis avant d’hospitaliser. Depuis 2009, chaque région sanitaire est dotée de plateformes numériques publiques insuffisamment utilisées, gérées par les GRADes ou GCS e-santé
Le financement de ces mesures devra être assuré, prioritairement, par une diminution des tarifs opposables aux acteurs n’assurant pas une mission de service public des urgences ou de permanence de soins voire par réaffectation des crédits mis en réserve pour l’ensemble des acteurs.
Président du SMPS