Le syndicat de tous les manageurs de santé
LE SMPS

Actes du Congrès national 2023 – Table ronde n°1 : « Les premiers pas du Manageur: le temps de l’engagement, un temps négligé ? »

La première table ronde de ce Congrès portait ainsi naturellement sur le premier temps dans nos métiers, celui de l’entrée dans la carrière pour les manageurs. Le SMPS s’investit depuis plusieurs années dans les enjeux relatifs à l’entrée dans les métiers du management, tant pour les Cadres que pour les Directeurs. L’enquête nationale réalisée en 2021 par le collectif « Jeunes Manageurs de Santé » du SMPS a ainsi mis en lumière la nécessité d’améliorer l’accueil et l’accompagnement des professionnels assurant des fonctions de management au sein des établissements de santé.

En revenant sur les différents constats issus de cette enquête, cette table ronde a permis d’aborder sous différents angles ce moment crucial à plus d’un titre en partant de la formation jusqu’aux premières années suivant la prise de poste. Outre le diagnostic partagé, les échanges ont été l’occasion de mettre en avant des initiatives locales ou institutionnelles pour mieux préparer cette étape.

Cette table ronde a réuni :

Camille Jacquard lance la table ronde en évoquant le temps de la carrière comme un temps spécifique, qui laisse un souvenir assez vif dans les esprits de chacun. Elle a une pensée pour les directeurs de soins qui revivent plusieurs fois ce moment, dans leurs habits de cadres puis de directeurs des soins. Ses invitées de la table ronde sont Cloé Mendes, élève directrice d’hôpital et membre de l’association Fonction Publique 21 (FP21), Elsa Boubert, référente de la filière D3S à l’EHESP, Vanessa Fage Moreel, directrice des ressources humaines de l’AP-HP et Marie Caron, directrice de cabinet au CHU d’Angers.

Camille Jacquard lance la table ronde en évoquant le temps de la carrière comme un temps spécifique, qui laisse un souvenir assez vif dans les esprits de chacun. Elle a une pensée pour les directeurs de soins qui revivent plusieurs fois ce moment, dans leurs habits de cadres puis de directeurs des soins. Ses invitées de la table ronde sont Cloé Mendes, élève directrice d’hôpital et membre de l’association Fonction Publique 21 (FP21), Elsa Boubert, référente de la filière D3S à l’EHESP, Vanessa Fage Moreel, directrice des ressources humaines de l’AP-HP et Marie Caron, directrice de cabinet au CHU d’Angers.

Elle ajoute qu’une enquête a été réalisée par le SMPS en 2021 sur les conditions de prise de poste de l’ensemble des collègues. Sur la question : vous êtes-vous senti accueilli lors de votre prise de poste ? 78% ont répondu « oui ». Sur l’accompagnement par le supérieur hiérarchique, c’est plus mitigé, avec seulement 50% de « oui ». La dernière question portait sur l’appel à un syndicat en cas de difficultés. 78% des interrogés ont répondu « oui ». Le SMPS a donc du boulot ! C’est en partant de ces postulats que le groupe jeunes manageurs de santé (JMS) est né.

Sur les sentiments au moment de la prise de poste : 20% des collègues s’exprimaient très contents quand 20% se disaient anxieux. Plus interrogeant, 29% des répondants envisageaient une mutation à l’extérieur de la fonction publique hospitalière, 29% la souhaitaient dans moins de deux ans.

Cloé Mendes précise que FP 21 a mis en place une enquête pour les trois versants de la fonction publique sur les primo-arrivants.

            -80% des enquêtés se disaient fiers d’être professionnel du service public

            -78% des interrogés auraient souhaité être mieux accompagnés lors de leur prise de poste, que ce soit par le biais d’un dispositif de mentorat ou un réseau d’appui local, ce sont les deux propositions qui ont été faites.

Sur les sentiments au moment de la prise de poste : 20% des collègues s’exprimaient très contents quand 20% se disaient anxieux. Plus interrogeant, 29% des répondants envisageaient une mutation à l’extérieur de la fonction publique hospitalière, 29% la souhaitaient dans moins de deux ans.

Cloé Mendes précise que FP 21 a mis en place une enquête pour les trois versants de la fonction publique sur les primo-arrivants.

            -80% des enquêtés se disaient fiers d’être professionnel du service public

            -78% des interrogés auraient souhaité être mieux accompagnés lors de leur prise de poste, que ce soit par le biais d’un dispositif de mentorat ou un réseau d’appui local, ce sont les deux propositions qui ont été faites.

Vanessa Fage Moreel identifie deux dispositifs pour faciliter l’accompagnement à la prise de poste, ils sont dans les 30 leviers pour agir ensemble mis en place par Nicolas Revel :

            -Le processus assez classique d’accueil, d’intégration de boîte à outils et l’accès au réseau pour se connecter. Ça parait tout simple mais c’est essentiel

            -Pour les cadres, c’est tout le repérage qu’on fait en amont de la pris de de poste, la formation qu’on va leur dispenser, réorganiser les concours régulièrement…

L’encadrement est un projet en soi. On ne peut pas accepter qu’un cadre fasse fonction pendant trois ans puis se voit ouvrir un concours et derrière, on mette six mois pour le nommer.

A l’AP-HP, elle a mis en place le co-développement pour les cadres et directeurs. Pour les cadres, c’est dans la première année qui suit la prise de fonction. Pour les Directeurs, l’APHP a développé un dispositif qui s’appelle « AP-HP+ ». Au bout de six mois, il y aura un entretien proposé à tout nouveau directeur qui rentre à l’AP-HP. Il pourra choisir entre quatre directeurs disponibles et expérimentés.

Vanessa Fage Moreel précise que c’est tout un écosystème qu’il s’agit de développer, pas simplement bien préparer l’accueil, un bilan à un mois et puis plus rien ensuite. Elle veut mettre en place des formules d’accompagnement très individualisés. Elle constate que les difficultés de recrutement pour les cadres de la filière soin sont moins marquées qu’avant. Là où il y a du boulot, c’est sur les filières hors soins. Pour les directeurs, il n’y a pas de difficultés de recrutement, à l’exception peut-être des directeurs des soins.

Elle constate également qu’il y a moins d’hôpital bashing depuis quelques mois. En rendant de l’accompagnement aux cadres, on aura un discours plus positif sur l’hôpital et son attractivité.

Camille Jacquard pose la question concernant les leviers actionnés par l’EHESP.

Elsa Boubert répond que l’école s’est focalisée sur la période qui précède la prise de poste. La question qu’elle s’est posée concerne la pertinence des formations afin que les élèves prennent correctement leur poste. En mai 2022, elle a réalisé une journée avec 25 jeunes directeurs qui avaient pris leur poste l’année précédente.

Elle les a questionnés sur les compétences que leur ont manquées au moment de la prise de poste. Elle a pu établir avec eux une cartographie des compétences acquises et non acquises au moment de leur entrée en fonction. Il en ressort que la complexité dans la prise de poste ne vient pas d’un manque de connaissances techniques mais plutôt de soft skills ou habilités sociales qu’on peut diviser en trois blocs :  

            -Premier bloc : capacités à comprendre les dimensions psychologiques et émotionnelles des situations (gérer le stress, les conflits, les tensions, savoir gérer les émotions…) ;

            -Deuxième bloc : capacité à s’adapter à un environnement à forte contrainte et à forte mutation ;

            -Troisième bloc : capacité à fédérer, à travailler en pluridisciplinaire, avec des cultures professionnelles différentes de la sienne.

Pour Marie Caron,  l’accompagnement du top management s’est mis en place au CHU d’Angers par un dispositif d’accompagnement à la prise de poste au sein de l’équipe de direction. Pour remettre du contexte, le CHU d’Angers c’est une équipe de direction d’environ 25 personnes qui fait déjà l’objet d’une attention particulière quant à son fonctionnement et à son efficacité. En 5 ans, l’équipe de direction a intégré 26 nouveaux collègues, c’est-à-dire un taux de renouvellement de l’équipe de direction de 100% au bout de cinq ans. Cela amène à réfléchir à l’intégration et  à la sécurisation de l’accueil.

Plusieurs axes ont été développés au CHU d’Angers :

            -L’amont de la prise de poste (préparer une arrivée dans les bonnes conditions logistiques, stabilité de la fiche de poste) ;

            -La prise de poste (lettre de mission remise systématiquement aux collègues leur premier jour, un rapport d’étonnement demandé à six mois assorti d’une rencontre avec la DG, dispositif de tutorat avec un parrain/marraine sans relation hiérarchique/fonctionnelle directe qui dure six mois) ;

            -L’animation du collectif (des repères de coordination, de solidarité) ;

            -L’informel (temps du déjeuner au self, apéritif de rentrée chez un membre de l’équipe de direction).

L’accompagnement à la prise de poste, c’est une responsabilité collective.

Camille Jacquard souhaiterait que Madame Boubert évoque le dispositif de quasi-tutorat qui existe à l’EHESP pour les D3S.

Elsa Boubert répond qu’il s’agit d’un conseiller en parcours de formation qui est un D3S en poste et qui va suivre l’élève durant toute sa formation avec au moins cinq entretiens sur les 24 mois de formation. Les élèves peuvent poursuivre au-delà des six mois après leur première prise de poste. Les professeurs sont aussi sollicités les six premiers mois après la prise de poste, pas tant sur les questions techniques que sur leur mise en œuvre.

Cloé Mendes ajoute que, du côté de l’association FP21, il y a eu l’initiative de développer un réseau en dehors de l’école. Le mentor peut être originaire de la fonction publique hospitalière ou d’une autre. L’association participe aussi à l’accompagnement, en mettant en lien le primo-arrivant avec des personnes ressources. A l’EHESP, dans la promotion Axel Khan des DH, elle souhaiterait mettre en place un dispositif comme celui qui existe pour les D3S. Elle complète en évoquant l’événement « Fil Directeur » qui a eu lieu le 22 novembre 2023 à l’EHESP et qui consiste en un temps informel entre des directeurs d’ARS, de CH, de CHU qui viennent rencontrer la promotion.

Vanessa Fage Moreel ajoute que ça va être la première année à l’AP-HP où les directeurs qui arrivent vont être suivis. Elle est assez étonnée du nombre de collègues qui sont en grande difficulté dans les deux premières années qui suivent leur prise de poste, qui sont en burn-out. L’AP-HP va travailler sur un plan de formation, d’accompagnement des jeunes directeurs.

Cloé Mendes termine en disant qu’il y a une réflexion à l’œuvre à l’EHESP sur la procédure d’affectation. Elle rappelle que 17% des primo-arrivants ne vont pas choisir réellement l’endroit où ils vont occuper leur premier poste. Sa promotion repense le rôle des délégués nationaux d’affectation, en lien avec le CNG, pour faciliter la remontée des postes et la prise de poste.