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Réforme des retraites: est-ce vraiment la priorité ?

Le SMPS affirme son opposition à une réforme des retraites dont les conséquences affecteront en premier lieu les agents hospitaliers et l’attractivité déjà en berne de nos établissements et formule des contre-propositions à ces mesures.
  

Le SMPS a pris acte de l’annonce de la réforme des retraites par Mme la Première Ministre. Il affirme son opposition à des mesures dont les conséquences affecteront les agents hospitaliers en fin de carrière, l’attractivité des établissements de santé et enfin, logiquement, la qualité des soins pour les patients.

Sur la méthode, à l’heure où nos hôpitaux vivent une crise majeure sur leurs ressources humaines, nous ne pouvons qu’afficher notre incompréhension sur cet ordre des priorités.

Le report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans et l’avancée à 2027, au lieu de 2035, de l’allongement de la durée de cotisations à 43 annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein vont d’abord avoir un impact sur tous les cadres, ingénieurs et directeurs de la FPH, et en particulier sur ceux arrivant en fin de carrière. C’est un nouveau coup porté aux tenants de la ligne managériale au sein de nos établissements, et ce malgré leur mobilisation sans faille depuis maintenant plusieurs années pour assurer le bon fonctionnement et la continuité du service public.

Faute d’intégration au sein des critères de pénibilité de facteurs relatifs aux risques psycho-sociaux, à la pression constante, à la tension permanente liée aux responsabilités assumées ou encore aux difficultés inhérentes de nos fonctions pour trouver un équilibre en vie personnelle et vie professionnelle, nos conditions d’exercice ne sont pas considérées comme justifiant des aménagements particuliers dans le cadre de nos droits à la retraite.

Ces conditions d’exercice en dégradation constantes affectent pourtant directement notre état et notre sérénité pour accomplir nos missions. Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement et à l’impact de nos métiers sur notre état de santé physique et mental. Il n’est donc pas acceptable que les seules issues laissées aux collègues les plus fragilisés par une carrière éprouvante dédiée au service public soient l’arrêt maladie longue durée, la découverte conséquente de pathologies ou le burn-out.

Nos établissements connaissent actuellement une crise d’attractivité historique dont les conséquences se constatent tant autant dans les filières soignantes, médicales que managériales et qui les exposent à tout nouveau choc extérieur. Ne pas considérer les établissements des secteurs hospitaliers, sanitaires, sociaux et médico-sociaux comme sujets à des risques de pénibilité accrue revient à nier leurs missions si cruciales au service de la population et à renforcer cette perte d’attractivité. Cela revient également à balayer les efforts mis en œuvre au travers des multiples crises que nous avons traversé et qui nous ont permis d’éviter plus d’une fois le point de rupture.

Il est également à souligner que cette réforme annoncée des retraites ne s’accompagne pour les cadres, ingénieurs et directeurs d’aucune mesure concernant une meilleure prise en compte de notre régime indemnitaire dans le calcul de nos pensions futures. L’intégration des primes dans ce calcul est actuellement déterminée par la retraite additionnelle RAFP se basant sur un pourcentage des primes dans la limite de 20% du traitement de base. L’importance de la part indemnitaire dans notre rémunération conduit donc mécaniquement à une baisse conséquente de revenus au moment du départ en retraite. La revalorisation du point d’indice à l’été 2022 n’est pas venue réellement rééquilibrer cet état de fait.

Les expériences vécues par les cadres, ingénieurs et directeurs en fin de carrière leur confèrent enfin une expertise et un savoir à transmettre. Il faut par conséquent œuvrer en faveur du mentorat et d’une meilleure transmission entre les générations. La réforme présentée n’apporte de surcroît aucune amélioration pour celles et ceux ayant cotisé dans plusieurs régimes, notamment privés et publics. De nombreux rapports ont démontré l’iniquité de ces situations pour ces polypensionnés dont les parcours atypiques et variés deviennent à terme pénalisant et un frein à la mobilité.
 
Dans le cadre de la réforme des retraites à venir, le SMPS demande donc :
La refonte de l’ordonnance n°2017-1389 fixant les critères de pénibilité en intégrant des critères spécifiques aux catégories dites sédentaires, c’est-à-dire les risques psycho-sociaux.
Une révision des plafonds d’intégration des primes dans le calcul des futures pensions et un rééquilibrage accru entre la part indiciaire et la part indemnitaire pendant la période d’activité.
L’adaptation de la charge de travail des seniors et une politique volontariste en faveur de la transmission des connaissances, notamment par un accès facilité au temps partiel en fin de carrière, avec une prise en charge des surcotisations et une rémunération améliorée dans ce cas.
Faciliter les carrières atypiques et la mobilité en améliorant le calcul de la retraite des futurs polypensionnés vers la possibilité de choisir le régime le mieux-disant.
Donner la possibilité de partir à la retraite soit à l’âge légal, soit dès que l’on a atteint 43 annuités de cotisation, si avant âge légal.  Les seuils envisagés sont inéquitables obligeant à certains de cotiser jusqu’à 44 annuités. 

Face à cette injustice, le SMPS affirme son opposition à ce projet de loi tel qu’il est présenté et se mobilisera pour faire valoir ses arguments auprès des parlementaires.

Dans un esprit de responsabilité, conformément à l’indépendance du SMPS, et au regard des contraintes fortes qui pèsent sur les cadres, ingénieurs et directeurs dans leurs établissements pour assurer la continuité des soins, nous laissons chaque collègue décider individuellement de son souhait de s’associer au mouvement de grève générale le 19 janvier 2022.