Comité consultatif national du 17 décembre 2024
L’actualité commande que nous débutions notre déclaration en nous inclinant devant les victimes du cyclone CHIDO qui vient de frapper Mayotte avec une violence inouïe.
Si loin, en métropole nous pouvons difficilement réaliser que les mots « l’île est dévastée » ont un sens concret. Comment imaginer que des centaines peut-être des milliers de personnes peut-être ne seront jamais retrouvées, que des villages, que des centaines d’arbres et de cultures ont disparu, engloutis par la boue, que l’eau, l’électricité, les biens essentiels manquent et vont manquer encore longtemps.
Le témoignage de notre collègue Jean-Mathieu Defour, directeur de l’hôpital de Mamoudzou, et de très nombreux soignants a très tôt confirmé que l’hôpital, le seul de l’île était détruit dans une très grande partie. Les images des couloirs inondés et du bloc opératoire soufflé nous parlent plus fort évidemment. Nous nous sentons impuissants à des milliers de kilomètres et en sachant que les conditions d’envoi des réservistes sont elles-mêmes affectées, tant le dénuement et les destructions sont immenses.
Il n’est possible que de compter sur la résilience des professionnels, tant de fois éprouvée au quotidien sur une île déjà meurtrie et où la vie est difficile chaque jour. Nous ne pouvons qu’espérer et nous mobiliser pour répondre aux appels aux dons des ONG
Dans la perspective du deuil national que le Président de la République a dit vouloir instaurer prochainement nous renouvelons nos pensées attristées aux victimes de ce cataclysme et adressons notre indéfectible soutien aux professionnels de santé, forces de secours et de sécurité engagés dans ce combat titanesque.
Il est donc évidemment un peu anecdotique de revenir à nos sujets statutaires.
Et ce d’autant que notre ordre du jour est assez resserré et que notre vie syndicale se déroule toujours sur fond d’instabilité politique, sans gouvernement et dans des conditions économiques et budgétaires sans précédent en termes d’inconnues et de difficultés pour nos établissements
Entre épuisement des modèles de financement sanitaires et médico-sociaux, rendant impossible toute prévision à moyen terme et actant l’absence de soutenabilité de nos missions, et épuisement des équipes sur le terrain, les directeurs restent en première ligne pour, une fois de plus, tenir à bout de bras leurs communautés.
Les directeurs continuent à risquer personnellement leur avenir dans la recherche de l’équilibre précaire entre nécessaire réduction des dépenses publiques, impasses réglementaires notamment sur le recrutement à l’hôpital et demande en soins à satisfaire sur l’ensemble du territoire mais sans que personne ne propose une bonne fois pour toutes de revenir sur la liberté d’installation des médecins.
Dans le secteur médico-social, ils tentent de colmater le délitement de l’offre, assistent impuissants à l’affrontement entre Etat et collectivités qui n’augure rien de bon sur l’engagement des Conseils départementaux pour rattraper l’inanité budgétaire qui étreint les établissements.
Et dans ces conditions, les directeurs vivent l’arrêt des discussions statutaires comme une blessure, un affront fait à leur engagement dans les territoires et pour mener à bien les politiques publiques erratiques de refonte de l’offre de soins et médico-sociales.
Et forcément nos métiers ne font pas rêver.
L’Etat, qui a offert une réforme statutaire sans précédent à ses cadres dirigeants en sortie de COVID, lorsque nous étions encore au front, voie les effets bénéfiques par un regain d’attractivité de ses métiers, malgré d’ailleurs une relative invisibilité de ceux-ci, à en croire les brochures d’orientation en collèges et lycées, que nous serions bien avisés de faire compléter par un chapitre spécial « fonction publique » !
Nous examinons les projections de places aux concours, ce matin lors de notre CCN.
Et nous mesurons bien l’incertitude qui entoure la proposition de statu quo sur les places offertes.
Comment agir autrement ?
Augmenter le nombre de postes c’est abaisser le niveau de sélection
Le diminuer c’est un signe dangereux que l’on pourrait se passer de nous.
Et pourtant nos corps de direction peinent encore à recruter, et surtout dans tous les postes et dans tous les territoires.
Et pour cause, nos métiers se résument souvent à gérer les pénuries, financières, médicales, soignantes… A la veille de la rentrée des élèves à l’EHESP, nous restons préoccupés pour tous les corps de direction et en particulier pour celui de DS qui, s’il évolue un peu favorablement est encore loin de garantir de pourvoir tous les postes en établissement.
Malgré cet horizon qui semble aujourd’hui bouché, nous félicitons chaleureusement nos désormais collègues qui ont fait connaitre leurs affectations à l’occasion des amphis de garnison à l’EHESP. Vous avez choisi des métiers exigeants qui nous obligent et qui doivent nous rendre fiers.
Nous souhaitons également la bienvenue aux élèves qui vont faire leur rentrée à l’EHESP dans quelques jours, nous sommes impatients de vous accueillir pour vos stages.
Les semaines à venir s’annoncent cruciales. Fidèles à nos principes, nous demeurerons donc fermes et exigeants dans les travaux à venir sur l’avenir de notre métier.