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Nomination de M. Aurélien Rousseau au poste de Ministre de la Santé et la Prévention

Retrouvez le courrier du Président du SMPS à l’attention de M. Aurélien Rousseau au format PDF en cliquant sur le lien suivant: courrier à l’attention de M. Aurélien Rousseau, Ministre de la Santé et de la Prévention

Monsieur Aurélien ROUSSEAU

Ministre de la Santé et de la Prévention

Ministère de la Santé et de la Prévention

14 avenue Duquesne

75007 Paris

Paris, le 21 juillet 2023

Objet : Sollicitation d’un rendez-vous avec Monsieur le Ministre de la Santé et de la Prévention

Monsieur le Ministre,

À la suite de votre nomination le 20 juillet 2023 au gouvernement en tant que Ministre de la Santé et de la Prévention, le Syndicat des Manageurs Publics de Santé (SMPS) tient à vous adresser ses sincères félicitations.

Crée en 1947, le SMPS est le seul syndicat hospitalier à représenter l’ensemble des métiers exerçant des fonctions d’encadrement et de management au sein de la Fonction Publique Hospitalière. Porte-voix à la fois des Directeurs, des Cadres, des Responsables médicaux et des Ingénieurs hospitaliers, le SMPS œuvre à la revalorisation et à la promotion des métiers du management de la santé et du service public sur des principes d’indépendance politique, de pragmatisme et d’exigence de qualité dans le service rendu aux usagers. Ces principes sont la pierre angulaire de notre crédibilité vis-à-vis des pouvoirs publics.

A travers notre réseau national d’élus, de représentants et d’adhérents, nous nous attachons à mettre en lumière les conditions d’exercice des manageurs au sein des établissements sanitaires, sociaux et médicaux sociaux. Nos propositions se veulent adaptées, pragmatiques et concrètes. Elles n’ont pour objectif que l’amélioration du service public de santé et sa sauvegarde.

Parler de « sauvegarde » n’est à ce titre pas un euphémisme. Comme vous l’avez-vous-même indiqué au cours de votre prise de fonction, le monde de la santé traverse « des crises au-delà du Covid » qui constituent autant de défis à relever pour assurer la continuité et l’accès des soins pour tous et dans tous les territoires de la République. C’est avec gravité que nous mesurons la tâche qui est la votre aujourd’hui.

La FHF estime ainsi que 80% des établissements rencontrent aujourd’hui des difficultés telles qu’elles affectent le nombre de lits ouverts, la continuité et la permanence des soins. Dans le même temps, la société française de médecine d’urgence évalue à 120 le nombre de services d’urgences publics ou privés susceptibles d’être soumis à de très fortes tensions au cours de l’été qui vient, voire à leur suspension. Ce qui s’apparentait hier à des difficultés localisées s’avère aujourd’hui les symptômes d’un malaise plus profond dont les conséquences conduiront à un préjudice sérieux et durable pour la population.

Nous mesurons la gravité des mots que nous employons ici en tant que responsables hospitaliers, et nous le faisons en toute connaissance de cause. Ce constat, c’est celui d’un point de rupture vécu aujourd’hui par de nombreux manageurs de santé qui, chacun à leur niveau, tentent de maintenir leurs établissements à flot au prix de la dégradation de leurs conditions de travail et de celles de leurs équipes, voire de leur santé. Beaucoup peinent à imaginer de quoi demain sera fait tant il n’y a pas de perspectives favorables auxquelles se raccrocher dans la période actuelle.

Les causes profondes d’un tel diagnostic pour les établissements publics sanitaires, sociaux et médico-sociaux sont connues. Elles résultent d’une convergence de phénomènes tels qu’un sous-financement chronique de l’hôpital public et du secteur social et médico-social, ralentissant mécaniquement les investissements nécessaires, d’un environnement normatif dont la pesanteur limite les initiatives locales et ne permet pas une gestion adaptée aux contraintes propres à chaque taille d’établissement et à chaque territoire, de conditions d’exercice devenues de plus en plus complexes ou encore d’une perte d’attractivité généralisée et progressive de l’hôpital public, à tous les niveaux et sur toutes les fonctions, y compris les fonctions de management. Ces problématiques affectent par ailleurs tout le parcours de soins, de la médecine de ville aux EHPAD, en passant par le secteur du handicap, de la dépendance ou encore de l’aide sociale à l’enfance.

La majeure partie de ces constats étaient esquissés bien avant la pandémie. La crise sanitaire n’a été que le catalyseur des tensions profondes et du désarroi qui transparaît au cœur de nos institutions et chez nos professionnels. Ils en ressortent exsangues et bien affaiblis face à la crise désormais structurelle que nous devrons collectivement affronter. Ceux qui servent aujourd’hui au sein de la fonction publique hospitalière démontrent, par leur dévouement, leur exemplarité et leur fidélité que le service public dispose de ressources qui font sa valeur et sa force.

C’est fort de cette conviction que face à ces défis, le SMPS porte une position à la fois ferme, mais pragmatique. Il réaffirme ainsi son attachement au service public, à ses acteurs et à ses valeurs cardinales.

L’engagement, d’abord, car la décision d’exercer au sein du service public de santé représente un choix riche de sens qui implique alors que l’hôpital demeure le service public préféré des Français.

L’efficacité, ensuite, car l’investissement et la confiance que la société consacre à son système de santé nous obligent à être à la hauteur de ces enjeux et à offrir les soins les plus adaptés aux usagers. Cette efficacité repose également sur la complémentarité et l’alliance de plus de deux cents métiers qui font vivre l’hôpital, qu’ils soient médecins, paramédicaux, soignants, cadres ou manageurs. Ils sont tous partie intégrante du système de santé.

La proximité, enfin, car nous croyons que les solutions de demain viendront des acteurs qui assurent quotidiennement le bon fonctionnement de ces organisations complexes. C’est à l’échelle des usagers, des établissements et de leur territoire que l’offre de soins doit être pilotée pour correspondre aux besoins de la population. Cette proximité s’exprime également dans le réseau d’entraide entre professionnels que constitue le SMPS afin de soutenir les collègues dans leurs fonctions.

A travers ces valeurs, le SMPS a élaboré un programme de propositions à la fois concrètes, pragmatiques et ambitieuses permettant de rénover et d’améliorer notre système de santé. Le programme est joint au présent courrier. Nous demandons que des actions fortes et sans précédent soient prises, dans la continuité d’un Ségur de la Santé qui fut plus que nécessaire, mais qui n’a malheureusement pas conduit aux réformes d’ampleur que nous appelons de nos vœux.

Votre expérience de longue date pour le service public hospitalier, en tant que Directeur Général d’ARS puis au Cabinet de Mme la Première Ministre, seront des atouts pour débuter ensemble cette collaboration nécessaire et constructive. Comme vous l’avez souligné au moment de votre passation, nous partageons votre détermination absolue à faire entrer le système de santé dans « le temps des preuves » à travers des mesures concrètes, ambitieuses et durables.

C’est à cette fin que nous souhaiterions vous rencontrer très prochainement afin que nous puissions partager avec vous notre diagnostic, nos attentes, nos positions et nos propositions pour l’avenir du système de santé.

Le SMPS tiendra par ailleurs les 30 novembre et 1er décembre prochain son Congrès annuel qui rassemble plus de 300 dirigeants hospitaliers en présentiel. Nous serions très honorés de votre présence à cet évènement qui constitue, pour de nombreux collègues Directeurs et Cadres, un moment fort de rencontres et d’échanges sur nos métiers, nos pratiques professionnels et l’avenir du système de santé.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma considération respectueuse.

Le président du SMPS

Jérôme GOEMINNE