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Newsletter du secteur sanitaire, social et médico-social: Du “chez soi” au mouroir : la crise financière des EHPAD et ses conséquences sur les conditions d’accueil

Les Assises nationales des EHPAD, tenues les 10 et 11 septembre à Paris, ont mis en lumière l’incertitude qui pèse sur l’avenir des EHPAD. Cette incertitude est d’abord politique, avec un gouvernement encore en cours de formation et des ambitions floues sur ses ambitions pour aînés. Elle est aussi financière, avec l’attente de la grande loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge, prévue d’ici fin 2024.

Une étude de la CNSA révèle que 64,5 % des EHPAD publics étaient en déficit en 2022. Les chiffres pour 2023 pourraient être encore plus alarmants : la FHF avance que 86 % des établissements seraient endettés. Ce naufrage financier est corroboré par un rapport sénatorial attendu d’ici la fin de l’année, soulignant les conséquences graves de cette crise sur le secteur.

Les dépenses augmentent, notamment avec les revalorisations salariales issues des accords du Ségur de la Santé de 2020, insuffisamment compensées. L’intérim, devenu presque incontournable face à la désertion des professionnels, alourdit encore la facture. À cela s’ajoutent l’inflation des coûts énergétiques et alimentaires, malgré les mesures comme le fonds d’urgence de 100 millions d’euros débloqué par le gouvernement en 2022.

Pour faire face à cette crise, l’une des pistes envisagées est l’augmentation des tarifs pour les résidents. La loi du 8 avril 2024 prévoit d’ailleurs la possibilité de facturer davantage les résidents aux revenus les plus élevés, sans accord préalable des départements. Cette réforme doit entrer en vigueur en janvier 2025, mais ne suffira pas à combler l’énorme déficit des EHPAD publics. De plus, elle soulève des questions éthiques : les résidents avec des pathologies lourdes, non éligibles à l’aide sociale, pourraient voir leurs factures augmenter de manière significative.

La situation est critique, et sans mesures fortes dans la prochaine circulaire budgétaire, les EHPAD risquent de s’enfoncer encore plus dans la crise. Pour les directeurs, cadres et attachés, la pression est immense. Gérer des établissements dans un tel contexte implique de faire des choix difficiles entre des ratios de personnel, la maintenance du matériel… ou encore le nombre maximal de protections disponibles pour chaque résident ! Cette réalité, déjà difficile pour de nombreux établissements, pourrait dissuader encore plus de candidats de postuler à des postes de direction.

Les EHPAD sont à un tournant, et des actions décisives sont nécessaires pour éviter une dégradation durable de leurs conditions d’accueil et de travail.