Instance collégiale DH du 16 janvier 2025
Déclaration liminaire du SMPS
L’année s’ouvre avec une instance collégiale qui compte peu de postes mais de nombreux candidats, preuve s’il en est que malgré les difficultés, l’engagement de nos collègues ne faiblit pas.
Malgré tout, la situation des hôpitaux et donc de ses manageurs ne s’embellit pas. Invariablement depuis plusieurs mois, nous vivons dans une incertitude permanente guère propice à la projection.
La première des incertitudes est bien entendu politique. Combien de ministres devrons nous voir se succéder avant de pouvoir sérieusement s’assoir autour de la table pour évoquer les réformes indispensables de notre système de santé ?
Comme l’a évoqué le Président du SMPS, il est plus que temps de prendre des mesures pour garantir l’accès aux soins à toute la population en libérant les compétences des professionnels de santé. Cet objectif permettra d’élargir les champs d’exercice et donc d’offrir de nouvelles perspectives, en formant toujours davantage d’internes et s’appuyant sur tous les territoires, afin d’irriguer tous les établissements quelle que soit leur taille, pour ne pas se limiter à l’exercice en CHU, en régulant enfin l’installation médicale, sujet Ô combien sensible, qu’il faudra pourtant régler tôt ou tard. Notre pays fait figure d’exception dans ce domaine et les arguments corporatistes ne tiennent plus devant les expériences étrangères réussies.
En ces temps de disette budgétaire, il s’agit également de mieux dépenser pour la santé. Cela sera rendu possible en accélérant le financement populationnel en adaptant les moyens aux besoins en matière d’état de santé, en corrigeant les fragilités sociales de certains territoires, en assurant un maillage territorial pour réorganiser l’offre de soins, en poursuivant la logique de concentration des plateaux techniques lourds et en garantissant la pérennité des hôpitaux de proximité et des centres de santé au niveau régional autour des CHU, en valorisant tous les acteurs de santé qui concourent au quotidien à la prise en charge des patients, financièrement, mais aussi en termes de reconnaissance, de qualité de vie au travail et donc d’attractivité.
Le SMPS milite enfin pour libérer l’énergie des territoires, grâce à l’intelligence artificielle qui permettra de redonner du temps à haute valeur ajoutée aux professionnels, en développant une véritable gouvernance territoriale en santé en simplifiant les process, comme le souhaite le Ministre Marcangeli, en centrant le rôle de l’ARS sur la stratégie régionale, en promouvant les conseils territoriaux de santé en lien avec les élus locaux, pour à terme, créer les groupements de santé territoriaux.
Ces défis, les directeurs d’hôpital sont prêts à les relever. Bien sûr cela va demander de l’énergie, du courage, le sens des responsabilités. Nous en avons toujours fait la preuve. Aujourd’hui, le SMPS est prêt à engager des discussions avec nos tutelles pour faire aboutir ces propositions. Nous considérons que l’extension de nos responsabilités au niveau régional, ou infra régional, sur des territoires élargis permettra une meilleure gouvernance du système de santé et in fine une meilleure offre de soins pour nos concitoyens.
Toutefois, nous ne voulons pas signer un chèque en blanc et ces propositions reposent sur une juste reconnaissance, enfin, de notre engagement.
Nous le disons depuis de trop nombreuses instances, l’alignement du statut des DH sur le statut des administrateurs de l’Etat doit aboutir. Nos collègues ne peuvent plus attendre, et au risque d’assécher notre corps de ses forces vives, cet alignement redonnera à notre métier une attractivité que la réforme du concours ne permettra pas seule.
Oui, aujourd’hui le SMPS demande que les décrets indiciaires, qui nous le rappelons sont prêts depuis plus de huit mois, soient pris et que les reclassements soient effectifs avant l’été.
Nous demandons que les négociations sur le régime indemnitaire soient engagées de manière sérieuse et responsable. Nous avons toujours soutenu le principe d’une transposition juste, raisonnable, mais fidèle à notre niveau de responsabilité. Nous n’accepterons pas d’être vus comme de simples gestionnaires de centres de coût. Nous sommes désormais responsables de l’organisation de l’offre de soins sur nos territoires, nous voulons être considérés comme tels.
N’oublions pas que nombre de hauts fonctionnaires, dont les statuts ont été très généreusement revus, ne connaissent pas notre niveau de contrainte, organisationnelle 365 jours par an, juridique, personnelle pour exercer parfois dans des territoires pourtant peu attractifs.
Ce manque de reconnaissance, nous le constatons au quotidien quand nombre de nos collègues sont mis en cause par la Cour des Comptes. Bien sûr, ne pas respecter la loi est répréhensible ; mais pourtant. Comment laisser faire quand ces collègues n’ont fait que leur devoir pour maintenir un service d’urgence ici, une maternité là ? Comment répondre aux injonctions paradoxales des tutelles, de nos élus, de la population qui revendique le droit à l’accès aux soins ? Comment ne pas se révolter quand la même tutelle refuse la protection fonctionnelle à ces mêmes collègues ?
Pour le SMPS ce n’est pas tolérable. Oui nous accompagnerons ces collègues, oui nous ferons notre possible pour corriger ce qui nous apparait aujourd’hui comme une intolérable injustice.
Enfin, l’instance collégiale qui nous réunit offre des postes à hautes responsabilités et nous nous en réjouissons. Malheureusement, force est de constater que nos collègues féminines sont encore trop rares parmi les candidates. Espérons que les choix finaux permettront de corriger cette anomalie. Espérons que nous trouverons collectivement le moyen d’enthousiasmer nos collègues féminines autour de l’exercice de ces hautes responsabilités.
Nous espérons que cette année, que nous vous souhaitons pleine de stabilité et de sérénité, verra enfin nos revendications aboutir, tant au niveau des rémunérations que de l’évolution de la gouvernance de notre système de santé