Le syndicat de tous les manageurs de santé
Actualités

Instance collégiale D3S du 11 avril 2024 –  » Le chant du cygne »


L’actualité est encore riche en ce début de printemps pour les D3S et leurs établissements. L’actualité est peut-être d’ailleurs la seule richesse des établissements sanitaires et médico-sociaux. Le seul aspect de notre quotidien qui ne souffre pas de déficit.

Pour le reste, pas de nouvelle. Pas de nouvelle. Pas de vagues ?

Vient ainsi le moment où l’on souhaiterait un peu de cohérence des politiques publiques. La seule cohérence qui demeure à ce jour est de maintenir les D3S dans leur statut d’éternels oubliés des réformes de la fonction publique. Ils n’ont pas connu les revalorisations récentes et méritées de leurs collègues DS et sont pour le moment exclus de la réforme de la haute fonction publique. Ainsi, quitte à être oubliés, qu’on nous laisse tranquilles.

La DGOS a bien su souligner que nos postes étaient insuffisamment exposés pour justifier notre intégration dans cette réforme, preuve s’il en fallait de la méconnaissance de notre métier et de sa réalité quotidienne. On serait bien en peine d’imaginer un administrateur de l’Etat organiser la transition de nos établissements en refuge animalier d’office. Mais quoi de plus normal que de légiférer sur l’arrivée des animaux dans les EHPAD quand ceux qui doivent les gérer sont pris pour des dindons ?

Par-delà cette énième anecdote animalière, dont la forme est plus contestable que le fond, la question doit être posée : est-il possible de structurer une politique publique du grand âge qui ne soit ni un amas de mesurettes éparses relevant du gloubiboulga méthodologique ni la somme de tous les fantasmes et projections des névroses de la société ?

Aujourd’hui le doute est permis. Les données existent. Les rapports existent. Le dernier en date de l’IGAS, vient tempérer quelque peu l’enthousiasme du virage domiciliaire tandis que la réforme des Service Autonomie patine. La dernière révolution sanitaire a eu lieu avec la mise en place de l’EBM, l’« evidence based medicine ». Peut-être est-il temps de passer à la politique publique sociale et médico-sociale fondée sur les preuves ?

Dans cette optique, et en lien avec notre exclusion de la réforme de la haute fonction publique, convient-il de rappeler quelques chiffres. En 2023, 1 198 D3S exercent en établissement, soit 75 % du corps, contre 78 % en 2022 et 88  % dix ans auparavant. Presque 18% du corps est en détachement.

Le corps est en perte d’attractivité, c’est un bas mot, et chaque session du concours vient cruellement nous le rappeler.

Il l’est aussi parce qu’il souffre d’un manque de reconnaissance et qu’aucune occasion n’est manquée de le rabaisser. Quitte à chercher à le dépecer à nouveau à chaque texte législatif où les conseils départementaux auraient leur mot à dire. Le secteur de l’enfance s’en souvient encore douloureusement.

Ce n’est pas intentionnel évidemment. C’est sociétal. En plus, nous avons « le malheur » d’être le corps le plus féminisé des corps de direction (68% des D3S) donnant accès à des chefferies. C’est en lien avec les usagers que nous accompagnons. C’est une discrimination bon teint. Dont acte.

Cohérence pour cohérence. De grands discours sont tenus sur la place des femmes et les objectifs d’égalité professionnelle. Pierre Desproges nous rappelle utilement : « L’accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de l’homme. Ainsi, il souffre moins. »

En attendant, les D3S continuent de faire le pied de grue et tentent vaille que vaille de ne pas avoir le bourdon.