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D3S : Il n’y aura pas de temps des cerises pour les personnes vulnérables

La semaine passée aura été riche en déconvenues pour les secteurs d’intervention des D3S.

Une loi sur l’enfance qui vient consacrer le placement à l’hôtel tandis que l’Assemblée des Départements de France n’estime pas utile d’échanger avec les syndicats sur le maintien des D3S dans la Fonction Publique Hospitalière en réunion ministérielle, un vote bloqué pour refuser la déconjugalisation de l’AAH et enfin un avant-projet de loi « Générations solidaires » qui marque une volonté d’invisibilisation des institutions médico-sociales par l’annonce du virage domiciliaire. Nous avons été gâtés.
« Fini la bamboche ! » Avec le déconfinement, l’agenda politique reprend ses droits et les services rendus sont désormais oubliés.

Le secteur de l’enfance en premier lieu est toujours exclu des dispositifs de CTI. Les pouvoirs publics ont donc fait le choix de durcir encore les modalités d’exercice dans les fonctions publiques. Renoncement depuis 10 ans aux revalorisations indiciaires pour privilégier les mesures catégorielles, l’innovation implique désormais d’introduire pour un même corps une discrimination en fonction du secteur, mais aussi le recours à des contractuels de plus en plus nombreux.

Toujours sur l’enfance, le projet de loi 4D, en commençant le processus de transfert exclusif vers les départements, vient acter la mise à l’écart de la fonction publique hospitalière. Les territoires plutôt que le terrain.

Enfin, la loi sur l’enfance, vient consacrer une pratique déviante et une perversion du système qui ne dispose pas des moyens pour fonctionner correctement. La consécration du placement à l’hôtel comme solution pour l’enfance est un renoncement de plus à garantir un accompagnement de qualité et une égalité des chances pour ceux qui ont le plus besoin d’être accompagnés. Cautère sur une jambe de bois, il est fait le choix d’enfoncer de nouveau un secteur en souffrance.

Sur le handicap, le choix du vote bloqué, à savoir d’un vote sans débat, pour le sujet de la déconjugalisation de l’AAH est un signal clair de ne pas évoquer ni discuter un sujet de société. Il est urgent de ne rien faire puisque tout va bien.

Sur le grand âge, le « virage domicilaire » pendant médico-social du virage ambulatoire est un message limpide. Il n’y a plus de moyens pour des institutions qui « coûtent un pognon de dingue ». A force de présenter les EHPAD comme des mouroirs, les politiques publiques semblent décidés à en faire des mouroirs.

A cela s’ajoute l’arrêté du 16 juin 2021 qui fixe les valeurs de points GMPS, qui servent à calculer les EPRD des établissements accueillant des personnes âgées, et pour lesquels la légère augmentation, lorsqu’elle existe, ne prend pas du tout en compte les mesures décidées par le gouvernement lui-même, découlant du Ségur de la Santé et notamment le complément de traitement indiciaire.

Invisibilisées et présentées comme des poids, les institutions sanitaires, sociales et médico-sociales sont les oubliées d’une modernité 2.0 qui fleure bon la naphtaline du 19ème siècle, alors même qu’elles trouvent des solutions et sont porteuses d’initiatives sur le terrain, parfois accompagnées de leurs financeurs et tutelles, trop souvent seules et sur leurs fonds, avec pour seul objectif la satisfaction des usagers et un service public de qualité.

Les choix délibérés des pouvoirs publics de renoncer à financer correctement les institutions de solidarité, qui protègent les personnes que la société juge comme vulnérable, est un projet de société. Est-il le bon ? Les générations seront de facto solidaires, les pouvoirs publics beaucoup moins.