Quel avenir pour les Directeurs des soins en institut de formation ?
| Chères adhérentes, chers adhérents, Alors que la gouvernance des instituts de formation s’est toujours distinguée de celle des établissements de santé auxquels ils sont rattachés en raison des liens particuliers entretenus avec leurs autorités de tutelles : conseil régional, ARS, l’université… Cette tendance tend à s’affirmer avec le rapport conjoint de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’inspection générale éducation, sport et recherche (IGÉSR) sur « les ressources humaines et statuts des encadrants et enseignants-chercheurs dans les formations paramédicales universitarisées », dont les recommandations reposent sur :La création d’un statut bi-appartenant pour ces professionnels,L’évolution des modes de gouvernance entre les universités et les instituts de formation.Cette initiative intervient 16 ans après la mise en place de la réforme des études en sciences infirmières dans le cursus Licence-Master-Doctorat (LMD) conformément aux accords de Bologne, permettant une reconnaissance des diplômes au niveau européen et s’inscrit dans un contexte où l’universitarisation pédagogique des formations en santé s’intensifie. La promulgation de la LOI n° 2025-581 du 27 juin 2025 sur la profession d’infirmier et les futures textes de la réingénierie de la formation infirmière avec un diplôme d’état ouvrant droit au grade Licence, délivré par les présidents d’université posent le rôle pivot des directeurs de soins, coordonnateurs des instituts dont le principal objet est la coopération des acteurs paramédicaux sous l’égide de l’université sans toucher aux formes juridiques. Si la création d’un statut bi-appartenant vise l’objectif de mieux articuler les activités de soins, d’enseignement et de recherche et de renforcer les perspectives de recherche paramédicale, il pose également la question de la coopération avec les directeurs des soins en institut de formation dans la gouvernance. Quels risques et quels enjeux pour la profession ? Ces évolutions soulèvent des questions déterminantes pour les directeurs des soins, en particulier en ce qui concerne leur place, leur rôle et leurs missions dans la gouvernance managériale et le co-pilotage des instituts avec les universités. Le rôle du Directeur des soins dans le cadre de cette gouvernance partagée est de proposer la vision stratégique et de conduire la politique institutionnelle en lien avec la politique générale des établissements de santé intégrés au regroupement, de l’université de rattachement et des tutelles dans le domaine de la formation initiale et dans le domaine de la formation continue. Parmi les enjeux majeurs, nous pouvons citer :La garantie de la qualité de la formation : Le rôle des directeurs des soins est d’assurer la qualité clinique et pédagogique et d’être le garant de la professionnalisation des futurs soignants. Ces évolutions doivent renforcer cette mission, et non l’affaiblir.La reconnaissance et la confirmation de l’expertise managériale : La fonction de directeur des soins est une fonction d’encadrement et de gestion qui requiert une expertise spécifique. Il est impératif que cette expertise soit reconnue et valorisée dans les nouvelles structures de gouvernance.Le maintien du lien avec les terrains de stage : Les directeurs des soins sont essentiels pour garantir la cohérence entre la théorie enseignée en institut et la réalité des soins sur le terrain. Une gouvernance centrée sur le monde universitaire pourrait affaiblir ce lien indispensable.L’avenir des directeurs des soins dans les instituts de formation arrive donc à un tournant qu’il faut aujourd’hui amorcer. Pour cela, il est impératif que les directeurs des soins soient pleinement impliqués dans la réflexion sur l’évolution de la gouvernance. Le SMPS et ses élus proposent la mise en place d’une gouvernance partagée et équilibrée au sens d’une universitarisation fonctionnelle des formations en santé basée sur la coopération et le co-partenariat où la direction des soins, forte de son expertise et de son ancrage dans la réalité des pratiques, joue un rôle central aux côtés des universitaires. |