Le syndicat de tous les manageurs de santé
Actualités

Réforme des hôpitaux :
non à un nouvel épisode de « Directeur bashing », oui à l’agilité, à la confiance et à la simplification


Le service public hospitalier ne peut fonctionner et assurer ses missions qu’en comptant sur toutes ses forces vives, y compris les Directeurs.
 

Vendredi 6 mai 2022

Le fondement éthique et républicain sur lequel repose le service public hospitalier est de prendre soin de l’ensemble de nos concitoyens, 24h sur 24 et 365 jours par an. Au sein de nos établissements, tous les agents hospitaliers œuvrent à cette noble mission. L’image la plus communément admise du fonctionnement d’un hôpital passe évidemment par ses soignants, ce qui est naturel : ils sont la substantifique moelle du soin donné au patient, se relayant constamment au lit des usagers, au sens propre. Mais cette image ne doit pas masquer la diversité des métiers qui composent nos institutions et la collaboration de tous les instants qu’elles impliquent. Dans l’organisation complexe qu’est l’hôpital public tous ces métiers participent, à leur niveau, à la chaîne du soin.


Ainsi, la colonne vertébrale de l’organisation hospitalière est l’encadrement paramédical. Les cadres de proximité et les cadres supérieurs sont spécifiquement formés au pilotage des services de soins. Au carrefour des missions de direction et de la sphère du soin, les Directeurs des Soins sont indispensables au fonctionnement hospitalier, tant dans le pilotage managérial et leur rôle dans la gouvernance que dans leurs missions dans la formation des futurs professionnels paramédicaux (toutes filières confondues).


Les Directeurs des Soins sont donc les maîtres d’œuvre, en s’appuyant sur l’encadrement paramédical, du fonctionnement hospitalier : pilotage de la production de soins, organisation quotidienne des équipes paramédicales voire médicales, conduite des projets de soins en coordonnant paramédicaux et médicaux, gestion des relations avec les directions et services supports des établissements…


Les hôpitaux les plus efficaces bénéficient de Direction des Soins et par extension d’encadrements paramédicaux très structurés. A l’inverse, il peut aisément être constaté que les vacances ou l’absence de Direction des Soins aux côtés des Chefs d’établissement et des Présidents de CME conduisent à de graves difficultés de fonctionnement, quelle que soit la taille de la structure.


Le SMPS ne cache donc pas sa colère de constater qu’il puisse être proposé par voie de presse de supprimer les Directeurs des Soins pour que les Directions des Ressources Humaines reprennent leurs fonctions !


Cette grosse erreur d’appréciation ne doit pas détourner les pouvoirs publics et notre énergie collective des vraies difficultés quotidiennes des établissements de santé :

– l‘attractivité. Oui à davantage de souplesse dans les rémunérations pour valoriser l’engagement et l’atteinte des objectifs préalablement fixés, mais aussi pour prendre en compte les exercices territoriaux dans les départements les moins attractifs. Oui également aux professions médicales intermédiaires pour des carrières soignantes plus attractives qui permettent en plus des prises en charge plus adaptées et rapides. Ce besoin d’agilité dans la gestion des ressources humaines est urgent, pour tous les collaborateurs hospitaliers, de l’agent d’accueil au Directeur, en passant évidemment par les soignants et les médecins.

le financement. Jusqu’à la crise COVID, les deux dernières décennies ont trop contraint les établissements sur le plan budgétaire. Il faut urgemment financer davantage le système de santé, en faisant correspondre les budgets aux besoins de la population. Pendant la crise sanitaire, les établissements de santé ont été financés à hauteur de leurs nécessités ; et toutes les forces vives ont pu se concentrer sur leur mission de soins, et sortir des logiques constantes de contraintes et d’économies. Au 1er juillet, avec la fin de la garantie de financement, si rien ne change, l’hôpital public ne saura plus financer son fonctionnement et ses investissements.

la simplification administrative. Les établissements hospitaliers sont dans un mouvement perpétuel, qui s’explique notamment par l’essence même de leur activité : l’adaptation permanente aux besoins de la population, aux évolutions de la science et aux crises nécessitent que l’hôpital public ne soit plus considéré comme une administration, avec ses normes trop contraignantes, mais comme un établissement de santé souple, agile et autonome. La bureaucratie est à l’extérieur de l’hôpital, pas au sein des équipes médicales, soignantes et administratives qui s’épuisent à lutter contre elle !


Enfin, à la tête des structures hospitalières, pour appliquer les politiques publiques et animer un collectif de plus de 200 métiers, les Directeurs d’Hôpital ne peuvent pas et ne doivent pas/plus être comparés aux Administrateurs de l’Etat pour y être ensuite assimilés, comme cela a été fait dans la presse. Leurs compétences et leurs responsabilités sont différentes.


Tous les brassages professionnels sont possibles à condition d’être objectif sur les bilans de chacun. La souplesse demandée par le même article pour la gestion des ressources humaines hospitalières doit s’appliquer aux Directeurs d’Hôpital : arrêtons la comparaison avec les responsables des administrations centrales et investissons dans des conditions de travail plus acceptables ! Appliquons ces mesures également pour l’ensemble des indispensables Directeurs de la Fonction Publique Hospitalière, Directeurs d’Hôpital, Directeurs des Soins et D3S !


Prenons soin de l’hôpital ! Prenons soin de tous les corps de métiers qui y travaillent, y compris les corps de direction !
 

 Le SMPS porte la vision des directeurs et des cadres hospitaliers, fidèle aux valeurs d’un service public de santé tourné vers l’avenir