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INSTANCE COLLÉGIALE DH : TOUT RESTE À FAIRE POUR QUE 2022 SOIT UNE MEILLEURE ANNÉE POUR TOUS LES DIRECTEURS

Instance collégiale DH : tout reste à faire pour que 2022 soit une meilleure année pour tous les Directeurs
20 janvier 2022

Déclaration Liminaire – Instance Collégiale DH du 20/01/2022


Cette déjà deuxième Instance Collégiale des Directeurs D’Hôpital est encore l’occasion pour le SMPS de dresser le bilan de l’année écoulée et de formuler plusieurs vœux, car telle est la saison, pour des directeurs éprouvés, car à la tâche non pas seulement depuis 2 ans de crise sanitaire mais depuis toujours, sans discontinuer ni faillir à leur délicate mission de conduite des hôpitaux entre désarroi et dénuement.

Sur le bilan de l’instance collégiale que nous dresserons ce matin, que n’avons-nous déjà dit de cette jeune instance très imparfaite, ballotée par des processus confisqués parfois, embrouillée par une fréquence devenue illisible pour les collègues, et sans véritable effet de transformation sur l’accès aux emplois supérieurs de DH, dont la structure ne change pas, ni en nombre, ni en voie d’accès.
Sur le terrain, 2021 aura sur beaucoup trop d’aspects ressemblé à 2020. La faute, notamment, à la crise sanitaire, dont les vagues successives continuent de déferler sur des établissements qui peinaient déjà à sortir la tête de l’eau avant mars 2020. A l’instar de toute la population, les hospitaliers, qu’ils soient soignants ou « administratifs » sont épuisés par cette situation dont ils ne voient pas réellement l’issue et qui chaque jour un peu plus altèrent la hauteur de leur engagement dans le service public et leur motivation.Nous pourrions d’ailleurs revenir sur ce terme « d’administratif », tant 2021, et ce début 2022 qui aura réveillé la cohorte des chasseurs de Léviathan du Loch Ness, autrement dit une administration monstrueuse qu’on fait ressurgir dans les conversations quand on a plus rien à dire, et dont on ne sait que dire en détail sinon que personne ne l’a vraiment vue.

Rarement une trêve des confiseurs aura été marquée par tant d’anathèmes à l’encontre de nos métier. Alors que bien peu d’éditorialistes zélés ou de personnalités politiques de premier plan savent exactement ce que recouvre cette notion, combien n’ont pas hésité à ressortir les mêmes chiffres erronés et autres approximations douteuses au fil de leurs discours et interventions publiques ?

Qui mesure l’impact de telles attaques répétées à travers les médias et proférées avec force attaques personnalisées sans fondement jusque dans des commissions d’enquête du Sénat ?
Qui rappellera que les directions ne sont finalement que les exécutants des décisions prises au niveau de l’Etat et de nos élus ?
Qui dira que le fantasme du tableau Excel du directeur des finances est plus que jamais un fantasme à l’heure où les seuls tableaux de bord que nous connaissons aujourd’hui sont ceux du nombre de malades COVID et de l’évolution défavorable de l’absentéisme ?Le prisme parisien avec ses excès mastodontesques et ses complexités inutiles fait de l’ombre à bien des organisations qui, sans être parfaites, car sous-équipées, sous-fréquentées ou éprouvées par des plans de retours à l’équilibre traumatisants, essayent depuis longtemps de faire leur la solidarité des professionnels et l’efficacité a au profit des patients. lI faut lutter contre ces stéréotypes, contre ces contre-vérités, contre ces coups volontairement portés aux pilotes des institutions pour cacher la vacuité du débat.

Et surtout, dans ce contexte, fait de « bad buzz » pour donner une contenance à quelques acteurs médiatiques qu’ils soient médecins ou élus, qui peut encore s’étonner des violences, qu’elles soient verbales ou physique, à l’encontre des responsables publiques depuis deux ans ?
Peu de tribunes sur l’hôpital public nous auront épargné. Et pourtant nous sommes toujours à nos postes, fidèles à nos valeurs et accomplissant nos missions. Les Directeurs d’hôpital, à l’instar des autres corps de direction, sont donc exsangues et espèrent que 2022 sera l’année de « retour à la normale » – si tant est que ce soit possible -, mais aussi celle de la reconnaissance du travail accompli.
Car en parallèle de l’investissement considérable demandé à nos métiers, on ne peut que déplorer que l’Etat reste statique face à nos conditions d’exercice et à leurs évolutions sur les dernières années.

A l’heure où les discussions sur une éventuelle fusion entre notre corps et celui des D3S est à l’ordre du jour, il est même difficile de comprendre pourquoi, une nouvelle fois à l’aube d’une nouvelle mandature, l’Etat choisit d’ouvrir ce sujet inutilement clivant, en se détournant de la capacité concrète à proposer des améliorations immédiates pour les 2 corps, faisant face à une perte d’attractivité importante.

Il s’agit de souligner néanmoins l’ouverture de plusieurs groupes de travail ces dernières semaines, mais dont les perspectives paraissent faibles à ce stade, sans modification statutaire majeure envisagée, comme le SMPS l’a souligné dès l’adoption du Contrat d’objectifs et de performance du CNG

Citons notamment :

  • Le groupe de travail portant sur les mesures d’accompagnement des Directeurs et la mise en œuvre des objectifs du COP du CNG en ce sens. Dont les perspectives sont minces tant les parcours des chefs d’établissement restent difficiles à établir, l’exercice territorial reste insuffisamment reconnu et les passerelles entre les fonctions publiques semblent opaques ou peu adaptées à nos compétences.
  • Le groupe de concertation GPMC, qui débutera enfin cet après-midi, mais qui est déjà en « has been » avant même sa première réunion. Il suffit de voir pour cela le manque d’anticipation sur les mouvements des collègues, la suppression de près de 500 postes de DH en une dizaine d’années et l’absence totale de vision sur la pyramide des âges du corps.
  • Le groupe de travail portant sur des emplois fonctionnels des directeurs d’hôpital dont l’impasse est déjà constatée dès les premières minutes d’échanges, tant que l’Etat reste sourd aux réalités de terrain, refusant de modifier les quotas d’emplois pour laisser la place à un instant vérité sur les seuils et les complexités structurelles. Quid de l’augmentation du nombre d’emplois fonctionnels alors que les directions communes accroissent le nombre d’établissements relevant des groupes I et II ? Dans le même ordre d’idée, quid de la reconnaissance de la territorialisation de nos fonctions avec les GHT et la multiplication des Directions communes ?

Tous ces sujets étaient là en 2017 et aussi en 2012… comme un péché originel de réformes statutaires tronquées ou myopes, systématiquement infligées aux directeurs d’hôpital.

En effet, beaucoup de chantiers sont encore à l’œuvre, n’ont pas été menés à leur terme ou sont en attente depuis bien trop longtemps. Alors que les attentes pour nos métiers étaient déjà fortes, celles-ci ont été exacerbés par le contexte de crise.

Quid de l’application réelle et transparente des lignes directrices de gestion par ceux-là même qui les ont fixés ? Cette question s’applique d’ailleurs autant pour l’accès à la hors classe, dont les critères d’âges affectent nos collègues les plus jeunes dans la profession, que pour les évaluations professionnelles.Nombreux sont en effet les collègues, adjoints comme chefs d’établissements, à ne pas bénéficier de leurs évaluations et à se retrouver par conséquent en situation indélicate vis-à-vis de la poursuite de leur carrière. Nombreux sont les chefs d’établissement que les directeurs généraux d’ARS ne daignent plus rencontrer, relégués au rang de personnel ancillaire à faible valeur stratégique à distinguer, à l’envers du niveau de responsabilité qu’ils exercent dans leur territoire.

Quelles solutions sont proposées pour répondre aux difficultés RH que rencontrent tous les établissements ? La problématique des « tensions hospitalières » est pourtant connue depuis longtemps, bien avant le Covid même, pourtant aucune réponse de fond n’a été apportée depuis lors. Il est même désormais évident que les mesures prises dans le cadre du Ségur de la Santé n’ont pas été suffisantes pour résoudre la grave crise de confiance que traverse l’hôpital public, et dont, le SMPS le redit fermement comme il le dira prochainement devant le Sénat, les directeurs d’hôpital sont injustement rendus responsables.

Elles ont été des réponses louables, notamment sur le plan salarial pour des professions soignantes qui méritaient depuis longtemps de telles revalorisations, mais elles ne s’attaquent pas aux racines du malaise. Les Directeurs d’Hôpital, quant à eux, sont toujours soumis aux injonctions contradictoires. Ils se retrouvent à devoir présenter des programmes de certifications HAS, des EPRD et des plans d’efficience à des équipes pour qui ces exigences n’ont plus de sens.

Enfin, quelle réponse l’État entend t-il apporter pour défendre les directeurs face aux violences ? Les images du Directeur Général du CHU de Guadeloupe et de son équipe, ont fait le tour des médias et ont profondément choqué les collègues par leur violence. Nous attendons toujours aujourd’hui une réponse forte de la part des pouvoirs publics. Le SMPS a posé il y a plusieurs semaines des questions précises à ce sujet et n’a pas de réponse.

Autant de questions qui restent encore à ce jour sans réponse, mais dont le silence délétère affecte directement les organisations de soins, les professionnels qui en assurent le fonctionnement et, à terme, les usagers du service public. Les Directeurs d’Hôpital sont réalistes et n’attendent pas que tout soit résolu dans l’année. Ils sont bien placés pour connaître l’ampleur de la tâche et mesurer à quel point celle-ci dépasse le seul cadre hospitalier mais concerne en réalité l’ensemble du système de santé et son avenir.Mais qu’au moins son ministère de tutelle daigne leur accorder un peu de visibilité sur ces différents dossiers, voire les écoute. L’attractivité des métiers, la qualité de vie au travail ou la fidélisation ne concernent pas que les soignants.

L’hôpital a besoin de tous pour assurer ses missions de service public, notamment des Directeurs, et le SMPS veillera à être présent pour défendre l’ensemble de ses Manageurs dans leurs missions et dans leurs conditions d’exercice.

Il faut toujours essayer de s’élever pour rebondir. Et même si nous avons l’impression de ce « jour sans fin » tant sur le terrain que sur les questions que nous posons, comme disait Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique, « Une bonne année répare le dommage des deux mauvaises » ; souhaitons nous collectivement que cet adage se réalise pour 2022.