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CAPN D H du 15 décembre : Déclaration liminaire du SMPS : Espérer un répit pour les Directeurs en 2022 ?

« Pour la dernière Commission Administrative Paritaire Nationale des directeurs d’hôpital, le SMPS constate qu’il n’y aura pas eu d’embellie en 2021.

Depuis la loi de transformation de la fonction publique, le dialogue social entre l’Etat et les corps de direction de la FPH s’est considérablement appauvri avec une limitation drastique du champ de compétences de l’instance. Essentiellement consacrée à l’examen des situations les plus problématiques, elle ne convoque plus que recours, mise en recherche d’affectation et quelques autres catégories de situation très limitées.

Privés de regard sur les mobilités en temps réel, sur la dynamique des parcours professionnels, sur une partie des recours, excluant ceux sur la PFR, réduits à des séances qui ne concernent plus toutes les classes, les représentants des directeurs d’hôpital cherchent le sens de leur mission amoindrie. La multiplication des groupes de travail sur les axes du Contrat d’Objectifs et de Performance ou intégrés dans le programme de travail DGOS-CNG est censé compenser le délitement du calendrier social et l’appauvrissement des rendez-vous paritaires.

Le SMPS sera au rendez-vous de ces travaux mais s’interroge.

Les sujets se multiplient dans un voisinage sémantique qui nécessitera des travaux de fond dont il est difficile de percevoir s’ils seront compatibles avec la survenue d’échéances politiques ou même de la toute proche période de réserve.
Pourtant les sujets sont nombreux :

  • Accompagnement des directeurs ? mais pour aller où ? alors que les parcours de chef d’établissement sont toujours plus difficiles à construire que l’exercice territorial des adjoints n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur ;
  • Groupe de travail sur la GPMC ? une notion tellement oubliée dans son acception prospective, avec un nombre record de postes disparus, une absence d’anticipation des mouvements vers les plus gros établissements et pas de vision sur la pyramide des âges très claire
  • Parcours professionnel ? en restant tout à côté de la réforme de la fonction publique d’Etat, les hauts dirigeants de la FPH ne sont pas réellement intégrés au nouveau corpus professionnel et le risque est grand que les passerelles qui font à l’heure actuelle la richesse des mobilités chez les directeurs d’hôpital se raréfient ;
  • Emplois fonctionnels ? nous n’irons pas de gaité de cœur entendre à nouveau que tout est possible à l’intérieur d’une enveloppe fermée et datée ;
  • Critères d’accès à la hors classe ? comment l’Etat compte –t-il ne pas définitivement handicaper le début de carrière des DH, devenu le seul corps de direction lesté d’un quota inique et inadapté aux réalités de terrain

Les perspectives comme l’attractivité manquent au corps des directeurs d’hôpital.
Les chiffres historiquement bas des inscriptions au concours témoignent du faible intérêt pour un métier qui s’étale surtout dans les journaux sous les traits de la souffrance des établissements que les directeurs d’hôpital pilotent.

L’hôpital va mal, et même à terre il est attaqué par ses voisins du secteur privé, aigris de voir que l’Etat a mis clairement en œuvre des mesures de soutien au bénéfice des établissements qui quasiment seuls depuis 20 mois font face à la crise.

C’est intolérable. Et il est regrettable que les appels à équilibrer l’effort de lutte contre la pandémie ne soient pas entendus par les pouvoirs publics.

Les ressources humaines hospitalières sont exsangues. Croyants ou pas, nous prions nos esprits ou nos dieux pour que tous les soignants puissent prendre leurs congés ;

Le dialogue avec les ARS reste très inégal et globalement distant tant dans la gestion des hommes et des femmes que des institutions, au point de ne plus être un repère pour les établissements.

Les effets de textes annoncés de longue date comme délétères sont bien là, comme dans le cadre de la mise en œuvre biaisée et larvée des articles de la loi Rist sur l’intérim médical. Cet exemple est emblématique des errements de l’Etat qui a préféré sacrifier la responsabilité individuelle des directeurs, seuls face aux contrôles, plutôt que d’entendre les besoins d’évaluation de la situation des territoires en difficultés de longue date en termes d’attractivité médicale. Les directeurs sont une fois de plus repoussés aux limites de leur exercice, face à leur engagement quotidien et face à un statut qui ne les protège pas mais les expose.

Au-delà de la gestion sans fin des vagues de la pandémie – qui est un traumatisme durable pour tout le monde -, avoir vécu, la même année, les outrances des tenants du « directeur-bashing » en introduction d’une conférence ministérielle, l’épilogue lancinant des travaux peu attendus sur la gouvernance, les difficultés extrêmes de la mise en place de l’obligation vaccinale dans un registre de violence inédit, les inconnues budgétaires et leur somme d’injonctions contradictoires, et finir sur la perspective d’être mis en cause à cause d’une mauvaise idée voulant lutter contre un vrai fléau menaçant les organisations médicales de nos établissements, c’est bien trop pour les directeurs d’hôpital qui auront encore passé une douloureuse année à leur tâche, sans trouver le chemin des jours heureux.

Il n’est pas trop tard pour les pouvoirs publics d’entendre la justesse de leur diagnostic, l’intensité de leurs difficultés et la hauteur de leur engagement. »